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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/249

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« Ne méprisez pas les prophéties », on pouvait s’imaginer qu’il accordait à tous les prophètes indistinctement, l’accès de la chaire. « Éprouvez tout », dit-il ; « retenez ce qui est bon », c’est-à-dire les véritables prophéties : « Abstenez-vous de tout ce qui a quelque apparence de mal ». Il ne dit pas, de telle ou telle mauvaise apparence, mais : « De tout ce qui a quelque apparence de mal » ; mensonges, vérités, éprouvez tout, examinez, distinguez, pour vous abstenir dur mal, et pour vous attacher au bien. C’est ainsi que vous prouverez votre haine sincère pour ce qui est mal, votre amour pour ce qui est bien. Ne vous contentez pas d’agir à la légère et sans examen ; ne faisons rien qu’après nous être rendu soigneusement un compte exact de tout.

« Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même, en toute manière, afin que tout ce a qui est en vous, l’esprit, l’âme et le corps, se conservent sans tache, pour l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ (23) ». Voyez l’affection que montre le maître ; à l’exhortation il joint la prière, et non seulement l’a prière parlée, mais la prière écrite c’est que le conseil ne suffit pas, il faut encore la prière. Voilà pourquoi, nous aussi, nous vous conseillons, et nous faisons pour vous des prières, ce que savent bien les initiés. Quant à Paul, certes, il avait raison d’agir ainsi, lui qui avait tant de droit de parler à Dieu en toute liberté. Mais nous, nous sommes couverts de honte, et nous n’avons pas auprès de Dieu cette liberté ; mais comme nous avons été établis et ordonnés pour agir de cette sorte, malgré notre indignité, nous nous adressons à Dieu, quoique nous ne méritions pas d’être comptés parmi les derniers des disciples. Mais nous savons que la grâce opère, par le moyen des hommes indignes, non en vue d’eux-mêmes, mais en vue de ceux qui en retireront de l’utilité, et nous apportons ce qui dépend de nous. « Qu’il vous sanctifie », dit l’apôtre, « en toute manière, afin que tout ce qui est en vous, l’esprit, l’âme et le corps, se conservent sans tache, par l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Qu’entend-il ici par « Esprit ? » Cela veut dire, la grâce, le don gratuit ; car si nous sortons d’ici emportant dans nos mains des lampes brillantes, nous entrerons dans la chambre de l’époux ; si nos lampes s’éteignent ; non. Voilà pourquoi il dit : « L’Esprit sans tache » ; car lorsque l’esprit demeure sans tache, la grâce aussi demeure. « L’âme », dit-il, « et le corps » ; si, dit-il, ni l’âme ni le corps ne reçoivent aucune souillure.

« Celui qui vous a appelés, est fidèle, et c’est lui qui fera cela en vous (24) ». Voyez l’humilité de l’apôtre : il a prié ; ne croyez pas, dit-il, que ce soit un effet de mes prières ; c’est la suite du dessein qui fait que le Seigneur vous a appelés ; car, s’il vous a appelés pour le salut, et si c’est le Dieu de vérité, il vous donnera certainement le salut qu’il veut vous donner. – « Mes frères, priez pour nous (26) ». Ah ! quelle humilité ! mais ce que Paul disait par humilité, nous le disons, nous, non pas par humilité, mais pour notre plus grande utilité, et parce que nous voulons recevoir de vous un grand profit ; priez aussi pour nous, car, si vous ne recevez pas de nous de bien grands, d’admirables services, priez toutefois à cause de l’honneur que procure la prière ; priez, en considération du titre que nous portons. Un homme avait des fils, il ne leur était d’aucune utilité ; mais, attendu qu’il était leur père, il leur disait : Un jour entier s’est passé sans que vous m’ayez appelé votre père. Voilà pourquoi nous vous disons, nous aussi, priez pour nous et ce ne sont pas là de vaines paroles ; vos prières, je les désire vivement. Si c’est mon devoir de prendre soin de vous tous ; si je dois un jour rendre dès comptes, à bien plus forte raison convient-il que j’obtienne vos prières. C’est à cause de vous que je dois un compte plus redoutable ; vous devez donc m’apporter un plus grand secours.

« Saluez tous nos frères, en leur donnant le saint baiser (26) ». Ah ! quelle ardeur ! Ah ! quel sentiment, quel cœur ! Étant loin dès frères, il ne pouvait pas les saluer en leur donnant lui-même le baiser, il le leur donne donc par correspondance, c’est ce que nous faisons, quand nous disons : Embrassez pour moi un tel. Faites de même, vous aussi, entretenez le feu de la charité. Il n’y a pas pour la charité de grands espaces, elle franchit les distances, elle se montre partout. « Je vous adjure, par le Seigneur, de faire lire cette lettre devant tous les saints frères (27) », paroles qui témoignent encore plus de l’ardeur de la charité que du zèle de l’enseignement. Je veux, dit-il, m’adresser à eux aussi ; « l’a grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen (28) ». Il ne se contente pas de leur ordonner, il les adjure ardemment, afin