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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/256

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dont il ne reste pas aujourd’hui un souvenir. Il n’est pas de jour, si vous voulez, qui ne vous présente de pareils exemples, des princes laissant leur place à d’autres, des richesses confisquées. « Un grand nombre de rois se sont assis sur la terre nue, et celui qu’on ne soupçonnait pas, a porté le diadème ». (Sir. 11,5) N’est-ce pas l’histoire de tous les jours ? Ne tournons-nous pas sur une roue ? Lisez, si vous voulez, nos livres, et les livres profanes (car les livres du dehors sont remplis de pareils exemples) si vous dédaignez nos Écritures par orgueil ; si les ouvrages des philosophes provoquent votre admiration, eh bien, consultez-les ; vous y trouverez des leçons, ils vous parleront des malheurs antiques, poètes, orateurs, maîtres de philosophie, tous les écrivains quels qu’ils soient. Partout, si vous voulez, les exemples se montreront à vous. Si vous ne voulez rien entendre parmi eux, considérez notre nature même, son origine, sa fin ; appréciez ce que vous pouvez valoir, quand vous dormez : n’est-il pas vrai que le moindre animal pourrait vous ôter la vie ? Que de fois un animalcule, tombant du haut d’un toit, ou crève l’œil, ou fait courir quelque autre danger ! Eh quoi ? n’êtes-vous pas plus faible que tout animal, quel qu’il soit ? Eh ! que me dites-vous ? que vous avez le privilège de la raison ? Eh bien, vous ne l’avez pas, la raison, et ce qui prouve qu’elle vous manque, c’est votre présomption. Qu’est-ce qui vous inspire votre fierté, répondez-moi la bonne constitution de votre corps ? Mais les animaux l’emportent sur vous. Et cela est vrai aussi des brigands, des meurtriers, des profanateurs de sépultures. Mais votre intelligence ? Mais l’intelligence ne se manifeste pas par la présomption ; voilà donc tout d’abord qui vous dépouille de votre intelligence. Sachons donc abaisser clos sentiments présomptueux, devenons modestes, humbles, doux et pacifiques car voilà ceux que le Christ regarde comme heureux avant tous les autres : « Bienheureux les pauvres d’esprit » (Mt. 5,3 ; et 11,29) ; et sa voix nous crie encore : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». Aussi a-t-il lavé les pieds de ses disciples, nous donnant par là un exemple d’humilité. Appliquons-nous à profiter de tous ces discours, afin de pouvoir obtenir les biens promis par lui à ceux qui l’aiment, par la grâce et par la bonté, etc.

HOMÉLIE II.


PAUL, ET SILVAIN, ET TIMOTHÉE, A L’ÉGLISE DE THESSALONIQUE, EN DIEU NOTRE PÈRE, ET EN JÉSUS-CHRIST, NOTRE SEIGNEUR. QUE DIEU NOTRE PÈRE ET LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, VOUS DONNENT LA GRACE ET LA PAIX. (I, 1-8)

Analyse.


  • 1. La grâce divine, bien inestimable. – Joseph et la femme de Putiphar ; Joseph comblé de la faveur de Dieu. – La foi défie les tempêtes, les déluges ne l’engloutissent pas. – Grande ressource, être bien uni, ne former qu’un corps.
  • 2. De la charité. – De l’imperfection de l’amour qui n’est pas l’amour divin. – De la patience dans les persécutions. – Nécessité des afflictions pour entrer dans le royaume de Dieu. – La rémunération future bien supérieure aux épreuves endurées.
  • 3. Réjouissons-nous des récompenses à venir, mais non de la punition certaine des méchants. – Sans perdre de vue, d’une part les châtiments, d’autre part, les récompenses, tout en méditant des vérités qui doivent servir à nous fortifier, excitons-nous à la vertu, par le seul amour de Jésus-Christ. – La crainte des châtiments, combien utile et salutaire.
  • 4. Utilité des entretiens sévères ; évitons les frivolités, les discours inutiles, la curiosité indiscrète, les médisances. – Mollesse des âmes qui ne peuvent supporter les discours sur l’enfer. – Paul les méprisait. Pourquoi ? – Les richesses ne sont pas des biens, la pauvreté n’est pas un mal, la pensée de l’avenir est tout.


1. La plupart des hommes ont recours à tous les moyens, font jouer toutes les machines, pour se mettre un peu en crédit auprès des magistrats, des personnes un peu haut placées ; on attache beaucoup de prix à leur faveur, on la convoite, c’est un bonheur de l’obtenir. Si la faveur dès hommes est d’un si grand prix, de quel prix sera la faveur de Dieu ? Voilà pourquoi, dans ses lettres, l’apôtre début, toujours par le souhait de la grâce de Dieu. Paul sait bien qu’avec cette grâce on n’a plus rien à craindre, que c’en est fait de tous les chagrins, de toutes les contrariétés. Voici qui vous fera comprendre cette vérité : Joseph était un