Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/264

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Voilà, dit-il, la vocation que nous cherchons. Voyez comme il leur insinue doucement la modestie. Il ne veut pas que l’excès des éloges les transporte, comme s’ils avaient fait de grandes choses, qu’ils tombent dans la négligence, et il leur montre ce qui leur manque encore dans ce genre de vie. C’est aussi ce qu’il écrivait aux Hébreux : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’à répandre votre sang, en combattant contre le péché ». (Heb. 12,4) — « Tous les desseins favorables de sa bonté », dit-il ; c’est-à-dire, son bon plaisir, ce qu’il est résolu à faire, ce qui est décidé ; c’est comme s’il disait : De telle sorte qu’il arrive ce que Dieu veut résolument, ce qui lui plaît, à savoir que rien ne soit défectueux en vous, que vous soyez comme il veut vous voir. « Et l’œuvre de votre foi ». Qu’est-ce à dire ? La force qui supporte les persécutions ; pas de relâchement, dit-il, pas de défaillance. « Afin que le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit glorifié en vous, et que vous soyez glorifiés en lui, par la grâce de notre Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ (12) ».

2. Voyez : il a plus haut parlé de la gloire, il en parle encore ici. Il a dit qu’eux-mêmes sont glorifiés de telle sorte qu’ils puissent savourer cette gloire ; il dit maintenant, ce qui est beaucoup plus considérable, qu’ils glorifient Dieu même ; il dit qu’ils recevront cette gloire. Et maintenant, ce qu’il ajoute, c’est que, lorsque le maître est glorifié, les esclaves aussi sont glorifiés ; car ceux qui glorifient le maître, sont bien plus glorifiés eux-mêmes, et, par ce seul fait et indépendamment de ce fait. Qu’est-ce en effet que la gloire ? L’affliction reçue à cause du Christ, et partout il l’appelle la gloire ; et plus nous aurons supporté de honte et d’ignominie, plus nous mériterons l’illustration. Ensuite, montrant que cette illustration même est le don de Dieu, il dit : « Par la grâce de notre Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». C’est à lui-même que nous devons la grâce de le glorifier en nous, de le voir nous glorifier en lui. Comment est-il glorifié en nous ? Par ce fait que nous ne lui préférons rien. Comment sommes-nous glorifiés en lui ? Par ce fait que c’est de lui que nous est venue notre force, le courage de résister à nos maux ; car, quand la tentation arrive, Dieu est glorifié, et nous sommes glorifiés en même temps. Les hommes le glorifient de ce qu’il nous a ainsi fortifiés ; les hommes nous admirent de ce que nous nous sommes montrés dignes du don de Dieu. Or, tout cela se fait par la grâce de Dieu.

« Or, nous vous conjurons, mes frères, par l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par notre réunion avec lui, que vous ne vous laissiez pas légèrement ébranler dans votre sentiment ». (2Th. 2,1-2) Quand sera la résurrection ? Il n’en dit rien ; mais qu’elle ne viendra pas tout de suite, il l’affirme. « Et par notre réunion avec lui », dit-il, voilà une parole qui est aussi digne d’attention. Voyez comme elle prouve encore, en nous glorifiant, en nous exhortant à la vertu, que le Seigneur nous apparaîtra pour nous sanctifier tous. Il parle ici de l’avènement du Christ, et de notre réunion avec lui, car ces choses auront lieu ensemble. Il redresse les pensées, il leur dit de ne pas chanceler, de ne pas tomber trop vite dans l’incertitude. « Et que vous ne vous troubliez pas, en croyant, sur la foi de quelques prophéties, sur quelques discours, ou sur quelques lettres qu’on supposerait venir de nous, que le jour du Seigneur soit près d’arriver ». Il semble marquer ici qu’on portait une lettre supposée de Paul, qu’on se la montrait, en disant que le jour du Seigneur était proche ; qu’il en était résulté qu’un grand nombre de personnes étaient tombées dans l’erreur. L’apôtre veut donc prévenir ces égarements ; il écrit aux fidèles pour les raffermir, il leur dit : « Et que vous ne vous troubliez pas, en croyant sur la foi de quelques prophéties, sur quelques discours ». Ce qui revient à ceci : Quand même un prophète vous dirait cela, ne le croyez pas ; quand j’étais auprès de vous, je vous ai avertis, vous ne devez pas abandonner la foi qui vous a été enseignée. — « De quelques prophéties » ; il désigne par là les faux prophètes, parlant sous l’inspiration d’un esprit impur. Ces imposteurs, pour opérer la persuasion, n’avaient pas seulement recours à des raisonnements perfides, ce que l’apôtre indique en disant : « Sur quelques discours » ; mais, de plus, ils montraient une lettre supposée de Paul, qui appuyait leur dire ; voilà pourquoi l’apôtre ajoute : « Ou sur quelque lettre qu’on supposerait venir de nous ».

Donc, les voulant raffermir par tous les moyens, il leur dit : « Que personne ne vous séduise en quelque manière que ce soit, car ce