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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/284

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Quelque chose d’interminable, ou sans objet sérieux, ou peu intelligible. Vous voyez comment il blâme ces recherches. Là où est la foi, la recherche est inutile ; là où il n’y a rien à chercher, à quoi bon l’examen ? L’examen exclut la foi. En effet celui qui cherche n’a pas encore trouvé, et ne peut avoir la foi. C’est pourquoi l’apôtre dit : Ne nous occupons point de recherches. Si nous cherchons, nous n’avons pas la foi qui est le repos du raisonnement. Comment donc le Christ dit-il : « Cherchez et vous trouverez ; frappez et il vous sera ouvert ? » (Mt. 7,7) Et encore : « Scrutez les Écritures, puisque vous pensez y avoir la vie éternelle ». (Jn. 5,39) Là le mot « cherchez » est dit de la prière et de ses ardents désirs ; ici, « scrutez les Écritures » n’est pas dit pour provoquer des recherches fatigantes, mais pour en soulager. Quand Jésus-Christ dit : « Scrutez les Écritures », il entend : Afin d’en apprendre et d’en posséder le sens exact, non pour chercher toujours, mais pour mettre fin à nos recherches. Et l’apôtre dit avec justice : « Prescrivez à certains hommes de ne pas enseigner une autre doctrine et de ne pas s’attacher à des fables et à des généalogies sans fin, qui produisent des recherches plutôt que l’édification divine qui est dans la foi ». (1Tim. 1,3, 4) L’expression « l’édification divine », est juste ; car Dieu a voulu nous donner de grands biens ; mais le raisonnement n’est pas apte à concevoir la grandeur de ses plans. C’est l’œuvre de la foi, qui est le plus grand des remèdes de l’âme. La recherche est donc opposée au plan divin. Et quel est ce plan fondé sur la foi ? Accueillir les bienfaits de Dieu et devenir meilleur ; ne point disputer ni douter, mais trouver le repos. Car ce que la foi a achevé et édifié, la recherche le renverse. Comment cela ? En soulevant des questions et en mettant de côté la foi. « Ne pas s’attacher à des fables et à des généalogies sans fin ». Quel mal, dira-t-on, faisaient ces généalogies ? Le Christ a dit que l’on doit être sauvé par la foi, et ceux-là cherchaient et disaient qu’il n’en saurait être ainsi. Car, puisque l’assertion, la promesse est pour le temps présent, et l’accomplissement pour l’avenir, la foi est nécessaire. Or ces hommes, préoccupés des observances de la loi, faisaient obstacle à la foi. Mais je pense qu’il parle ici des gentils, dressant le catalogue de leurs dieux, quand il dit : « Les fables et les généalogies ».
3. Ainsi donc, ne nous attachons point à des recherches, car le titre de fidèles nous engage à croire à la parole, sans doute ni hésitation. Si c’était une parole humaine, nous devrions la soumettre à l’épreuve ; mais, si elle est divine, nous devons la vénérer et la croire ; si nous ne croyons pas à cette parole, c’est que nous ne croyons pas même qu’elle est de Dieu ; car comment connaître que c’est Dieu qui parle, et lui demander compte de sa parole ? La première preuve que nous connaissons Dieu, c’est de croire à sa parole sans preuves ni démonstrations. Les gentils eux-mêmes le savent, car ils croient en leurs dieux, bien que leurs oracles soient sans preuves, et par cela seul qu’ils viennent des dieux. Les gentils donc le savent, vous le voyez. Et que dis-je, la parole d’un dieu ? Ils croient à celle d’un enchanteur et d’un mage, je veux dire de Pythagore : « Le maître l’a dit ». Et dans la partie supérieure des temples, le dieu du silence était peint, tenant un doigt sur sa bouche, et serrant ses lèvres pour enseigner le silence à tous ceux qui passaient. Faut-il croire que leurs doctrines étaient vénérables, et que les nôtres au contraire sont dignes de risée ? C’est plutôt avec raison que celles des gentils sont un objet d’examen, car elles consistent en raisonnements contradictoires, en controverses, en conclusions, et les nôtres en sont affranchies. Celles-là sont l’œuvre de la sagesse humaine, celles-ci sont l’enseignement de la grâce de l’Esprit-Saint ; celles-là sont les dogmes de la folie et de la déraison, celles-ci de la véritable sagesse. Là il n’y a point de disciple et de maître, mais tous cherchent ensemble, qu’ils soient maîtres ou disciples. Car être disciple, ce n’est pas chercher ; c’est être guidé par la confiance et non par le doute ; c’est croire et non raisonner. C’est la foi qui fait la gloire des anciens ; c’est le manque de foi qui a tout corrompu. Et que parlé-je des choses célestes ? Si nous examinons de près celles de la terre, vous trouverez qu’elles ne sont point étrangères à toute foi ; ni les contrats, ni les arts, ni rien de semblable ne peut s’en passer. Et, s’il en faut pour des objets trompeurs, combien plus pour des objets célestes !
Attachons-nous donc à la foi, possédons-la ; c’est ainsi que nous écarterons de notre âme toute funeste doctrine, telle que celles de l’émanation