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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/286

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Un serviteur nourri, vêtu, logé par son maître comme ses compagnons, ne se croit pas plus riche qu’eux parce qu’il a des cheveux plus abondants ou des ongles plus longs ; de même c’est un bien vain orgueil que celui des biens terrestres. Dieu les éloigne de nous pour apaiser cette folie, pour diriger vers le ciel le désir qui se portait vers eux. Mais nous, même alors, nous ne devenons pas sages. De même que si un enfant possède un jouet et le préfère aux objets importants, son père le lui enlève pour l’amener, même malgré lui, à une occupation sérieuse ; de même Dieu en agit envers nous pour nous diriger vers le ciel. – Et pourquoi donc, dira-t-on, permet-il que les méchants possèdent les richesses ? – Parce qu’il en fait peu de cas. Et pourquoi le permet-il aux justes ? Il se borne à ne pas l’empêcher. – Nous avons parlé ici d’une façon élémentaire, comme à des hommes qui ignoreraient les Écritures ; mais, si vous vouliez croire et vous attacher aux paroles divines, nous n’aurions pas besoin de tant de discours, vous sauriez tout ce que vous avez besoin de savoir. Et pour vous apprendre que la richesse n’est rien, que la santé n’est rien, que la gloire n’est rien, je vous montrerai beaucoup d’hommes qui ont pu s’enrichir et ne l’ont pas fait, qui ont pu avoir une santé florissante et ont macéré leur corps, qui ont pu être honorés et ont tout fait pour être méprisés. Cependant nul homme étant bon ne s’efforce de devenir mauvais. Ayons donc l’ambition des biens véritables et nous obtiendrons même les autres en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec lequel soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE II.


LA FIN DU PRÉCEPTE EST LA CHARITÉ QUI PART D’UN CŒUR PUR, D’UNE BONNE CONSCIENCE ET D’UNE FOI SINCÈRE ; MAIS QUELQUES-UNS S’EN SONT ÉCARTÉS POUR S’ÉGARER EN DE VAINS DISCOURS, VOULANT ÊTRE DOCTEURS DE LA LOI ET NE COMPRENANT NI CE QU’ILS DISENT NI L’OBJET DE LEURS AFFIRMATIONS. (I, 5-7 JUSQU’À 11)

Analyse.

  • 1. D’où viennent les hérésies. – Usage qu’il faut faire de la loi.
  • 2. Saint Chrysostome voit dans les versets 9 et 10, où se trouvent énumérés les plus grands crimes, une allusion aux Juifs. – En quoi consiste la vraie gloire.
  • 3. Vanité de la parure. – Bonne odeur de la vertu, infection du péché. – Quelle est la vraie volupté.


1. Rien n’est si funeste au genre humain que de mépriser la charité au lieu de la pratiquer avec zèle ; rien n’est si efficace pour la rectitude de la vie que de s’efforcer d’atteindre à cette vertu. Le Christ nous l’enseigne, quand il nous dit : « Si deux d’entre vous unissent leur prière pour le même objet, tout ce qu’ils demanderont, ils l’obtiendront ». (Mt. 18,19) Et encore : « Lorsque l’iniquité sera abondante, la charité se refroidira ». (Mt. 24,12) C’est là l’origine de toutes les hérésies. C’est parce qu’on n’aimait pas ses frères qu’on est devenu jaloux de leur bonne renommée ; cette jalousie a produit l’amour de la domination, et celui-ci toutes les hérésies. Aussi Paul, après avoir dit à Timothée « de prescrire à certains hommes de ne point enseigner une autre doctrine », lui enseigne comment il y pourra réussir. Et quel est ce moyen ? La charité. De même que, lorsqu’il dit : « Le Christ est la fin de la loi » (Rom. 10,4), il veut dire son accomplissement, qui ne peut être obtenu sans le Christ ; de même le précepte ne peut s’accomplir sans la charité. La fin de la médecine, c’est la santé ; quand on la possède, on n’a pas besoin de soins extraordinaires ; de même quand on possède la charité, on n’a pas besoin de beaucoup de préceptes. Et de quelle charité parle l’apôtre ? De celle qui est véritable et ne s’en tient pas aux paroles, mais réside dans le sentiment de l’âme et le partage des souffrances. Celle qui part d’un cœur pur, dit l’apôtre ; voulant dire d’une conduite droite ou d’une affection légitime ; car une