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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/311

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tout lieu, ou s’il ne faut pas prier à l’église, ni dans aucune autre partie de sa maison que celle-là. Que signifie ce texte ? Le Christ nous enseignant ici à fuir la vanité, ne nous dit pas absolument de prier dans un lieu secret ; mais de faire nos prières sans ostentation. De même que, lorsqu’il dit : « Que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre main droite » (Id. 3), il ne parle pas de nos mains, mais il exprime l’humilité par une hyperbole ; de même il enseigne ici la même chose dans un langage figuré. Par là donc, il n’a pas limité la prière à un lieu déterminé, mais il nous a enseigné une seule chose : à fuir l’ostentation. Et Paul dit ceci pour distinguer la prière des chrétiens de celle des juifs. Voyez en effet comment il s’exprime : « En tout lieu, élevant des mains innocentes » ; ce qui n’était point permis aux juifs. Car il ne leur, était point permis de se présenter devant Dieu, pour offrir des sacrifices et accomplir les cérémonies du culte, ailleurs que dans un lieu unique, où de toutes les contrées de la terre chacun devait accourir pour accomplir dans le temple des cérémonies saintes. Paul nous donne un conseil tout différent, et nous délivre de cette contrainte ; car notre loi n’est point telle que la loi des juifs. De même qu’il nous prescrit de prier pour tous, puisque le Christ a souffert pour tous et que l’apôtre prêche pour tous ; de même il est bonde prier partout ; et désormais ce n’est plus au lieu, mais à la manière dont on prie qu’il faut prendre garde. Priez partout, dit-il, partout élevez des mains innocentes ; voilà ce qui vous est demandé.
Qu’est-ce que des mains innocentes ? des mains pures ; et qu’est-ce que des mains pures ? non pas celles qui sont lavées avec de l’eau, mais celles qui sont pures d’avarice, de rapine, de meurtres, de violences. – « Sans colère ni discussion » : Que veut dire cela ? Qui donc se met en colère quand il prie ? L’apôtre veut dire sans animosité. Que la pensée de celui qui prie soit pure, dégagée de toute passion ; que personne ne se présente devant Dieu avec de la haine dans le cœur, avec un esprit chagrin et discutant avec, soi-même. Que veulent dire ces derniers mots ? Écoutons-le : c’est qu’il né faut point mettre en doute si nous serons exaucés : « Tout ce que vous demanderez avec foi », dit le Seigneur, « vous le recevrez » (Mt. 21,22) ; et ailleurs : « Lorsque vous serez debout pour prier, pardonnez et il vous sera pardonné ». (Mc. 11,25) Voilà ce qu’est une prière faite sans discussion. Et comment, me direz-vous, pourrai-je croire que j’obtiendrai l’objet de ma demande ? Oui, vous l’obtiendrez si vous ne demandez rien qui soit contraire, à ce que Dieu est résolu d’accorder, rien qui soit indigne de sa royauté, rien de temporel, mais seulement des choses spirituelles, et si vous vous présentez devant lui sans colère, avec des mains pures et innocentes. Des mains innocentes sont celles qui pratiquent les œuvres de miséricorde. Si vous vous présentez ainsi devant Dieu, vous obtiendrez toutes vos demandes. « Si vous », dit le Seigneur, « tout méchants que vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux ». (Mt. 7,11) La discussion dont parle l’apôtre, c’est le doute.
« Et de même aussi les femmes », ajoute l’apôtre ; je veux, dit-il, que, sans colère et sans discussion, elles conservent leurs mains innocentes, ne cèdent point à leurs désirs, à la rapacité, à l’avarice. Et que penser de celles qui, ne se livrant pas elles-mêmes aux rapines, en font commettre par leurs maris ? Mais Paul demande des femmes quelque chose de plus. « Qu’elles se parent », dit-il, « avec pudeur et retenue, d’une façon convenable, sans frisures, sans or, sans perles, mais comme il sied à des femmes qui annoncent la piété par leurs bonnes œuvres ». De quelle parure veut-il parler ? D’une toilette honorable, convenable, exempte de superfluité ; car c’est ainsi qu’elles observeront la loi de la réserve. Quoi donc ! vous venez prier Dieu et vous vous couvrez de bijoux et de frisures ! allez-vous donc danser ? vous rendez-vous donc à des noces ? ou assistez-vous à une fête mondaine ? C’est là que les bijoux, les frisures, les riches vêtements ont leur place ; maintenant il n’en est nul besoin. Vous êtes venue pour supplier, pour demander le pardon de vos fautes, la miséricorde pour vos offenses, pour fléchir votre Maître par vos prières. Pourquoi donc vous parer ? Tel n’est point l’appareil d’une suppliante. Comment pouvez-vous gémir et pleurer, persévérer dans votre prière, quand vous êtes ainsi chargée d’ornements ? Si vous pleurez, vos larmes feront rire ceux qui vous verront, car les bijoux d’or ne conviennent point à celle qui pleure ; n’est-ce pas comédie