c’est que leur nature est faible et légère. Et ici il est question de leur nature, car le texte ne dit pas : Eve fut trompée, mais : « La « femme », ce qui est une désignation générale. Quoi donc ! Toute nature féminine a-t-elle prévariqué par elle ? De même que l’apôtre a dit : « Dans la similitude du péché d’Adam, qui est le type de l’avenir » (Rom. 5,14) ; de même ici il faut entendre que c’est la nature féminine qui a prévariqué.
Mais n’y a-t-il point de salut pour elle ? Certes, il y en a. Et comment ? Par sa postérité, car ce n’est pas d’Eve que le texte dit : « Si elles demeurent dans la foi, la charité et la sanctification, avec tempérance ». Quelle foi ? quelle charité ? quelle sanctification ? C’est comme s’il eût dit : Ne soyez point abattues, ô femmes, si vous êtes ainsi blâmées ; Dieu vous a donné une autre occasion de salut, l’éducation de vos enfants ; en sorte que les femmes peuvent obtenir le salut, non seulement par elles, mais par autrui. Considérez quelles grandes questions sont ici soulevées. La femme trompée prévariqua. Quelle femme ? Eve. Est-ce donc elle seule qui sera sauvée par la maternité ? Non, mais ce moyen de salut appartient à toutes. La femme a prévariqué ; mais, si Eve pécha, tout son sexe sera sauvé par la maternité. Pourquoi, dira-t-on, n’est-ce pas par sa propre vertu ; car Eve n’a point fermé la voie aux autres femmes ? Et qu’en sera-t-il des vierges ? qu’en sera-t-il des femmes stériles ? qu’en sera-t-il des veuves qui ont perdu leurs maris avant d’être mères ? sont-elles perdues ? n’ont-elles plus d’espérance ? Et pourtant ce sont les vierges qui sont le plus en honneur. Que veut donc dire l’apôtre ?
2. S’il a prescrit la soumission à tout le sexe féminin, par suite de son origine, à cause de l’histoire de la première femme, quand il dit qu’Eve a été formée la seconde et que désormais son sexe doit être soumis ; est-ce par une raison toute semblable qu’il enseigne que parce qu’elle a prévariqué, tout son sexe est sous la prévarication ? Cela n’est point admissible ; car l’un de ces faits est simplement un don de Dieu, l’autre une faute de la femme. Mais il dit que tous sont morts à cause de la faute d’un seul, et qu’il en est de même pour la femme. Qu’elle ne se désole donc point, car Dieu lui a donné une grande consolation, celle de devenir mère. – Mais c’est un fait de l’ordre naturel. – L’autre aussi ; mais ce n’est pas seulement l’enfantement naturel, c’est l’éducation de ses enfants qui lui est accordée. – « Si elles demeurent dans la foi, la charité et la sanctification, avec tempérance ». C’est-à-dire que, si, après leur avoir donné la vie, la femme les forme à ces vertus, elle en recevra une large récompense, parce qu’elle aura formé des athlètes pour le Christ. « Si elles demeurent dans la foi et la charité ». C’est la vie, telle qu’elle doit être ; et il mentionne aussi la tempérance et la régularité. « Cette parole est fidèle ». (3, 4) C’est à cela que se rapportent ces mots, et non à ce qui suit : « Si quelqu’un désire l’épiscopat ». On doutait de ce que l’apôtre vient de dire ; aussi ajoute-t-il : « Cette parole est fidèle » ; que les pères jouissent de la vertu des enfants, ainsi que les mères, quand ils les ont élevés comme ils le doivent. Mais qu’arrivera-t-il si la mère est perverse et pleine de vices ? tirera-t-elle profit de l’éducation de ses enfants ? N’est-il pas vraisemblable qu’elle les élèvera semblables à elle-même ? L’apôtre parle ici de la femme vertueuse ; et ce qu’il en dit, c’est qu’elle sera largement récompensée et rémunérée de ce qu’elle fait pour ses enfants.
Prêtez donc l’oreille, pères et mères ; l’éducation de vos enfants ne sera point pour vous-mêmes une œuvre stérile. L’apôtre dit plus loin : « Elle rend témoignage par ses bonnes œuvres, si elle a élevé ses enfants » ; et il joint cette vertu aux autres. Car ce n’est pas une petite chose que de consacrer au service de Dieu les enfants que l’on a reçus de Dieu. Si les parents jettent une base et un fondement solide, ils recevront une grande récompense, parce qu’ils ne négligent point de corriger leurs enfants. Car Héli a péri à cause des siens, qu’il devait réprimander. Il le faisait, mais non comme il l’aurait dû ; ne voulant point leur faire de peine, il les a perdus et lui avec eux. Pères, prêtez donc l’oreille, instruisez vos enfants dans la discipline et l’admonition du Seigneur, avec un soin sévère et vigilant. La jeunesse est difficile à dompter ; elle a besoin de beaucoup de surveillants, de précepteurs, d’instituteurs, de gardiens, de gouverneurs ; et, avec tout cela, on doit s’estimer heureux de pouvoir la contenir. Elle est semblable à un cheval indompté, à un animal sauvage. Si donc de bonne heure et dès le premier âge, nous lui avons donné de fortes
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