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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/420

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en même temps il flétrit les incontinents en ne leur permettant pas d’obtenir cette dignité après un second mariage. Car comment l’homme qui n’a gardé aucun amour pour la femme qu’il a perdue, pourra-t-il être un bon pasteur de l’église ? Quels reproches ne l’atteindront pas ? Vous savez tous en effet, vous savez qu’un mariage en secondes noces, bien qu’il ne soit pas interdit par les lois, offre pourtant matière à de nombreuses accusations. – Ainsi il ne veut point qu’un pasteur se présente devant les fidèles avec une seule tache. C’est pourquoi il dit : « Aucun homme « quine soit irrépréhensible ». C’est-à-dire dont la vie soit pure de toute faute et qui n’offre aucune prise à celui qui voudra l’examiner. Écoutez les paroles de Jésus-Christ : « Si la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes ». (Mt. 6,23) —. « Dont les enfants soient fidèles et qui ne soient pas accusés de dissolution, ni désobéissants ». Considérons comme il porte sa sage prévoyance jusque sur les enfants. En effet, comment celui qui n’a pu former ses enfants, formerait-il les autres ? Si ceux qu’il a eus dès leurs premiers jours avec lui, qu’il a nourris, et sur lesquels la loi et la nature lui donnent autorité, il n’a pas pu les instruire, comment pourra-t-il être utile aux autres ? Si le père n’avait pas eu la plus grande négligence, il n’aurait pas souffert que ceux qui étaient sous son autorité devinssent méchants. Il n’est pas possible, non il n’est pas possible qu’après avoir été élevé dès les premières années avec la plus grande sollicitude, qu’après avoir été entouré des plus grands soins, on devienne pervers : car il n’y a pas de défauts naturels que ne puisse vaincre une telle diligence. Si, ne plaçant qu’en seconde ligne l’éducation de ses enfants, un père s’applique à acquérir des richesses et a plus d’amour pour elles que pour sa famille, c’est un homme indigne. Car si malgré la loi de la nature il a eu tant d’insensibilité ou de démence qu’il s’est montré plus inquiet pour ses biens que pour ses enfants, comment pourrait-il monter sur le trône épiscopal et mériter une telle dignité ? S’il n’a pas pu corriger ses enfants, quelle insouciance ne peut-on pas lui reprocher ? S’il ne s’en est pas occupé, quelle insensibilité ne peut-on point blâmer en lui ? Comment donc celui qui n’a pas pris soin de ses enfants, prendra-t-il soin des étrangers ?
Et l’apôtre ne dit pas seulement que les fils de l’évêque ne doivent pas être dissolus, mais il ne veut pas même qu’on puisse les accuser de l’être ni qu’ils aient une mauvaise réputation. « Car il faut que l’évêque soit irrépréhensible, comme étant dispensateur dans la maison de Dieu, non superbe, non colère, non sujet au vin, non batteur ».
2. Un prince séculier, qui commande par la loi et par la contrainte, ne gouverne pas souvent d’après les désirs de ceux qui lui sont soumis, et c’est naturel. Mais un évêque qui doit son autorité à des gens qui la lui ont accordée de leur plein gré et qui lui sont reconnaissants de l’avoir acceptée, s’il se conduit de telle sorte qu’il ne fasse rien que par ses propres idées, sans rendre aucun compte à personne, il exerce bien plutôt un pouvoir tyrannique qu’une magistrature populaire. « Car il faut », dit l’apôtre, « que l’évêque soit irrépréhensible, comme étant dispensateur dans la maison de Dieu, non attaché à son sens propre, non colère ». Comment en effet apprendra-t-il aux autres à vaincre un vice qu’il n’a pas pu s’apprendre à détruire en lui ? Sa charge le fera entrer dans nombre de difficultés qui aigriraient et mettraient hors de lui un homme plus patient : elle lui donnera mille occasions de céder à la colère. S’il n’y est pas préparé d’avance, on ne pourra pas le souffrir, et le plus souvent dans, l’exercice de son ministère il portera le trouble et la ruine partout. – « Non porté au vin, non batteur ». II parle ici de l’évêque qui injurie : or il faut plutôt agir par l’exhortation que par le reproche, mais par l’injure, jamais. Car, dites-moi, quelle nécessité y a-t-il d’injurier ? Il faut effrayer par la menace de l’enfer et inspirer une grande terreur. Mais celui qu’on injurie, prend plus d’audace encore et méprise davantage celui qui le traite ainsi. Rien ne porte au mépris comme l’injure : elle déshonore celui qui s’en rend coupable, et ne lui permet pas d’inspirer le respect. Il faut que l’évêque parle avec une grande piété, qu’il rappelle les pécheurs à la pensée du jugement dernier, et que jamais l’injure ne le souille, S’il y en a qui l’empêchent de remplir son ministère, alors il doit agir avec toute son autorité. « Non batteur », dit-il. Le maître est le médecin des âmes, or le médecin ne frappe point, il ranime et guérit celui qui a été frappé.
« Non porté à un gain honteux, mais hospitalier, aimant les gens de bien, sage, juste, saint,