Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mutuel ; mais après cela retournez ensemble ». (1Cor. 7,5)
Vous pouvez le voir donner souvent des préceptes sur le commerce légitime des époux. Il permet qu’on jouisse de ces plaisirs de la chair, et tolère les secondes noces. C’est là un point qui excite toute sa sollicitude, et jamais il ne châtie pour cela, tandis qu’il condamne partout celui qui a la passion de l’or. Le Christ en effet nous a souvent donné des préceptes sur les richesses, nous engageant à fuir cette peste, mais il n’en est pas de même pour le commerce des époux. Écoutez ce qu’il dit des richesses : « S’il y en a un qui ne renonce pas à tout ce qu’il a, il ne peut être mon disciple ». (Lc. 15,33) Nulle part il ne dit : S’il y en a un qui ne renonce pas à sa femme, car il savait – combien cet amour est fortement enraciné dans la nature. Pour l’apôtre il s’exprime ainsi : « Le mariage est honorable et le lit conjugal sans souillure ». (Héb. 13,4) En aucun endroit il ne dit que le souci de devenir riche est honorable, bien au contraire. Écoutez-le dans son épître à Timothée : « Ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation et dans le piège, et en plusieurs désirs fous et nuisibles ». (1Tim. 6,9) Il ne dit pas amasser de l’argent, mais : « Devenir riches », et pour que vous en jugiez par le sens commun, il est nécessaire de donner ici quelques développements. Celui qui une fois s’est vu privé de toute sa fortune n’est plus tenu par la passion de l’or ; car rien ne nous donne l’amour des richesses comme leur possession même. Les choses ne se passent pas ainsi pour l’amour des femmes : au contraire beaucoup ont été faits eunuques, mais n’ont pas pu éteindre la flamme intérieure qui les dévorait : c’est que la concupiscence réside dans d’autres organes que ceux dont on les avait privés, et qu’elle est placée dans le fond même de notre nature. Pourquoi ai-je dit tout cela ? C’est pour montrer que les hommes cupides sont plus intempérants que les débauchés, parce qu’ils sont troublés par une passion moins forte ; encore n’est-ce pas à proprement parler de la passion, c’est de la lâcheté. La concupiscence est si naturelle que ne s’approchât-on point d’une femme, la nature n’en agirait pas moins : mais il n’y a rien de tel pour l’amour de l’or.
« Que nous vivions religieusement dans le présent siècle ». Quelle espérance avons-nous donc ? Quelles récompenses obtiendrons-nous pour nos labeurs ? « En attendant », dit-il, « la bienheureuse espérance et l’avènement » : assurément on ne peut y voir rien de plus heureux, rien de plus désirable : ce sont là des biens que les paroles sont impuissantes à rendre, car ils dépassent la pensée. « En attendant », dit-il, « la bienheureuse espérance et l’avènement de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ ». Où sont ceux qui prétendent que lé Fils est inférieur au Père ? « Notre grand Dieu et Sauveur », dit-il. Lui qui a sauvé ses ennemis, que ne fera-t-il point lorsqu’il recevra dans le ciel ceux qui auront bien agi ? « Notre grand Dieu ». En disant notre grand Dieu, il ne dit pas à quel point il est grand, il l’appelle grand d’une manière absolue. Au-dessous de lui personne ne pourra véritablement être appelé grand, car il sera grand par rapport à quelque chose, et celui qui est grand par comparaison, n’est pas grand par sa propre nature. Or ici le mot grand est employé sans comparaison.
« Qui s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier pour lui être un peuple qui lui appartienne en propre et qui soit zélé pour les bonnes œuvres », c’est-à-dire un peuple élu et qui n’ait rien de commun avec les autres. « Zélé four les bonnes œuvres ». Voyez-vous comme on exige de vous les bonnes œuvres ? et on ne nous demande pas seulement des bonnes œuvres, on veut que nous soyons zélés, c’est-à-dire que nous nous portions à la vertu avec la plus grande ardeur, avec toute la véhémence désirable. Ainsi, s’il en a arraché plusieurs aux maux qui les accablaient, à l’incurable maladie qui les travaillait, ç’a été un effet de sa bonté. Pour ce qui suivra, c’est notre affaire et la sienne. – « Enseigne ces choses, exhorte et reprends avec toute autorité. – Enseigne ces choses et exhorte ».
3. Voyez quels préceptes il adresse à Timothée : « Prêche la parole, reprends, censure ». (2Tim. 4,2) Il dit ici : « Enseigne ces choses, exhorte et reprends avec toute autorité ». Comme les Crétois étaient d’un naturel plus indocile, l’apôtre dit à son disciple d’employer la sévérité et de reprendre avec toute autorité. Il y a en effet des péchés qu’il faut réprimer d’autorité. Ainsi pour les richesses, c’est par des exhortations qu’il faut persuader aux