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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/469

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en fait. La vertu du chrétien brille d’un plus grand lustre dans la pauvreté que dans la richesse. Comment ? C’est que dans la pauvreté, il est plus modeste, plus sage, plus respectueux, plus juste, plus prudent ; dans la richesse au contraire, la vertu trouve mille obstacles. Examinons les actions du riche, de celui-là surtout qui fait de sa richesse un mauvais usagé. Ce ne sont que rapines, fraudes, pièges, violences. Que dis-je ? Les passions déréglées, les commerces illicites, les sortilèges, les maléfices, toutes les noirceurs en un mot ne dérivent-elles pas de la richesse ? Ne voyez-vous pas qu’il est plus facile d’être vertueux au sein de la pauvreté qu’au sein de la richesse ? Et parce que les riches ne sont pas punis ici-bas, n’allez pas croire qu’ils ne commettent pas de fautes. S’il était facile de punir les riches, ils peupleraient les cachots. Mais entre autres inconvénients, la richesse a celui-ci : le riche, qui fait le mal impunément, ne s’arrêtera jamais dans la voie du mal ; pour lui, le remède ne sera jamais à côté de la blessure, et nul homme ne pourra lui mettre un frein. La pauvreté au contraire, si l’on veut y regarder, offrira à nos yeux bien des côtés agréables. N’affranchit-elle pas l’homme des soucis, de la haine, des luttes, des rivalités, des querelles, dé mille maux enfin ? Ne courons donc pas après la richesse, et n’envions pas le sort de ceux qui la possèdent. Avons-nous de la fortune, faisons-en un bon usage. En sommes-nous privés, n’en gémissons, pas, mais remercions Dieu de ce qu’il nous permet d’obtenir facilement la même récompense que les riches, et une plus grande encore, si nous le voulons. Alors notre faible capital nous rapportera un gros revenu. Celui qui rapporta les deux talents ne fut-il pas aussi honoré, aussi admiré que celui qui en rapporta cinq ? Pourquoi ? C’est que ces deux talents lui avaient été confiés, c’est qu’il sut remplir toutes ses obligations ; c’est qu’il rapporta le double de ce qu’on lui avait confié. Pourquoi donc cherchons-nous à nous faire confier des trésors, lorsque nous pouvons retirer autant de fruit d’un modeste dépôt que d’un dépôt considérable ; lorsqu’avec moins de peine, nous pouvons obtenir une récompense bien plus grande ? Le pauvre renoncera plus facilement à ce qu’il possède que le riche, gui nage dans l’opulence. Ne savez-vous pas que, plus on est environné de richesses, plus on a soif de richesses ? Pour éviter ce tourment, ne cherchons pas la richesse et supportons sans peine la pauvreté. Avons-nous de la fortune, servons-nous-en, comme le veut saint Paul : que ceux qui possèdent, soient comme s’ils ne possédaient point, et que ceux qui usent de ce monde, soient comme n’en usant point, afin d’obtenir les biens promis, et puissions-nous les obtenir avec la grâce de Dieu et par un effet de sa bonté !

HOMÉLIE III.

MAIS APRÈS AVOIR INTRODUIT SON PREMIER-NÉ SUR LA TERRE, IL DIT : QUE TOUS LES ANGES DE DIEU L’ADORENT ET L’Écriture DIT DES ANGES : DIEU SE SERT DES ESPRITS POUR EN FAIRE SES ANGES, ET DES FLAMMES ARDENTES POUR EN FAIRE SES MINISTRES. MAIS IL DIT AU FILS. VOTRE TRÔNE, O DIEU, SERA UN TRÔNE ÉTERNEL. (I, 6, 7, JUSQU’A II, 4)

Analyse.

  1. Dieu ne parle pas à son Fils comme à ses anges. – Paul réfute les juifs, Paul de Samosate, les ariens, Marcellus, Sabellius et Marcion.
  2. Gloire du Christ. – Ministère des anges.
  3. Il faut s’attacher à la parole du Christ.
  4. Importance de la parole du Christ. – Témoignages rendus à cette parole.
  5. Dieu dispense les grâces avec sagesse.
  6. La charité est le plus précieux de tous les dons.

1. Notre-Seigneur Jésus-Christ appelle son avènement dans la chair : une sortie. C’est ainsi qu’il dit : « Le semeur est ; sorti pour semer », et ailleurs « Je suis sorti de mon Père et me voici ». (Mt. 13,3 ; et Jn. 16,28) Il s’exprime de même en plusieurs passages. Paul au contraire donne le nom d’introduction à cet avènement dans la chair « Après avoir introduit son premier-né sur la terre ». L’incarnation, chez lui, prend le nom d’introduction. Pourquoi ces expressions différentes pour désigner une môme chose, et d’où vient ce langage ? On voit clairement ce qu’il signifie. Le Christ appelle son avènement dans la chair une sortie, et il a raison, car nous étions en dehors de Dieu.

Voyez les palais des rois. Les prisonniers et ceux qui ont offensé le roi se tiennent en dehors. Celui qui veut les réconcilier avec le prince, ne les introduit pas tout d’abord ; il s’entretient avec eux hors de la maison royale et ce n’est que lorsqu’il les a rendus dignes de paraître devant le roi qu’il les introduit. C’est ce qu’a fait le Christ. Il est sorti pour venir à nous, c’est-à-dire, a pris notre chair, il nous a parlé de la part du roi, et il ne nous a introduit devant lui qu’après nous avoir purifiés de nos péchés et nous avoir réconciliés avec le Souverain suprême. Voilà pourquoi il appelle son incarnation une sortie. Paul au contraire l’appelle une « entrée », en se servant d’une figure