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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/492

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rémunération, aux biens innombrables que Dieu nous promet, à la divinité du Christ, à la vérité de notre foi : voilà les croyances dans lesquelles nous devons rester fermes. Ce qui prouvé d’une manière évidente que la vérité est là ; c’est le caractère de notre pontife. Nous ne sommes pas encore tombés ; restons fermes dans notre foi quand les événements prédits né seraient pas encore arrivés, restons fermes dans nos croyances : s’ils étaient déjà arrivés, ce serait un démenti donné aux livres saints. S’ils tardent à s’accomplir, cela prouve encore que les livres saints disent la vérité. Car notre pontife est grand. – « Notre pontife n’est pas tel qu’il ne puisse compatir à nos faiblesses ». Il ne peut pas ignorer notre situation, comme tant de pontifes qui ne savent pas quels sont ceux qui sont dans l’affliction, qui ne savent pas ce que c’est que l’affliction. Car ; chez nous autres hommes, il est impossible que l’on connaisse les tribulations de celui qui est persécuté, si l’on n’a pas fait soi-même l’épreuve du malheur, si l’on n’a pas souffert. Notre pontife à nous a tout souffert. Il a souffert, il est monté aux cieux ; pour compatir à nos douleurs : « Il a éprouvé, comme nous, toutes sortes de tentations, hormis le péché ». Voyez comme il revient sur ce mot « comme nous » ; c’est-à-dire qu’il a été persécuté, conspué, accusé, tourné en ridicule, attaqué par la calomnie, chassé et enfin crucifié. « Il a souffert, comme nous, toutes sortes de tentations, hormis le péché ». Il y a encore ici une chose qu’il fait entendre, c’est que les souffrances ne sont pas incompatibles avec l’innocence, et que sans péché on peut souffrir. C’est pourquoi quand il dit « en prenant un corps semblable au nôtre », l’apôtre ne veut pas dire que cette ressemblance fût absolue, il a voulu seulement parler de l’Incarnation. Pourquoi donc ces mots : « Comme nous ? » Il a voulu faire allusion à la faiblesse de la chair, il s’était fait homme « comme nous », matériellement par là ; mais, en ce qui concerne le péché, sa nature n’était pas la nôtre. « Allons donc nous présenter avec confiance devant le trône de la grâce, afin d’y recevoir miséricorde et d’y trouver le secours de sa grâce, dans nos besoins (16) ». Quel est ce trône de la grâce ? C’est ce trône royal dont il est dit : « Le Seigneur a dit, à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied ». (Ps. 109,1) C’est comme s’il disait : Marchons avec confiance, puisque nous avons un pontife exempt de péché, qui a vaincu le monde. « Ayez confiance », dit-il, « j’ai vaincu le monde » (Jn. 16,33) ; ce qui veut dire qu’il a connu toutes les souffrances, sans connaître le péché. Mais si nous sommes soumis au péché et s’il en est affranchi, comment ferons-nous pour nous présenter avec confiance ? C’est qu’il s’agit ici du trône de la grâce et non du tribunal suprême.
« Approchons donc avec confiance », dit-il, « pour recevoir cette miséricorde que nous demandons ». Cette miséricorde est de la munificence ; c’est un don royal : « Et afin d’y trouver le secours de sa grâce, quand nous le demanderons à propos ». Il a raison de dire : « Quand nous le demanderons à propos ». Approchez-vous de lui maintenant ; il vous fera grâce et miséricorde, parce que vous arriverez à temps. Mais si, vous vous présentez aujourd’hui, c’est inutilement ; votre arrivée est inopportune ; vous ne pouvez plus vous présenter devant le trône de la grâce. Vous pouvez comparaître devant ce trône, tante qu’il est occupé par le souverain dispensateur des grâces, mais une fois que les temps sont accomplis, voilà votre juge qui se dresse devant vous ! « Levez-vous, mon Dieu », dit le Psalmiste, « et venez juger la terre ». Psaume, 81,8) Disons encore avec l’apôtre : « Approchons-nous avec confiance », c’est-à-dire, sans avoir de reproche à nous faire, sans hésitation ; car celui qui a quelque chose à se reprocher, ne peut pas se présenter avec confiance. C’est pourquoi il est dit ailleurs : « J’ai exaucé votre prière faite en temps opportun, et je vous ai secouru au jour du salut ». (Is. 49,8) En effet, si ceux qui pèchent, après avoir reçu le baptême, ont la ressource de la pénitence, c’est là un don de la grâce : ne croyez point, parce que vous avez entendu dire que Jésus est un pontife, qu’il reste debout ; saint Paul dit qu’il est assis, quoique le prêtre ordinairement ne soit pas assis, mais se tienne debout. Vous voyez que, s’il a été fait pontife, ce n’est pas là un don de la nature, mais un don de la grâce, un effet de son abaissement volontaire et de son humilité. Disons, il en est temps encore : Approchons-nous de lui avec confiance et demandons. Nous n’avons qu’à lui offrir notre foi ; il nous accordera tout. Voici le moment des libéralités ; qu’on ne désespère pas de soi-même. Il sera temps de désespérer, quand la salle sera fermée, quand le roi sera entré pour voir ceux qui sont assis au festin, quand les patriarches auront reçu dans leur sein ceux qui en sont dignes. Mais aujourd’hui ce n’est pas l’heure du désespoir. Le théâtre est encore là ; c’est encore le moment du combat la palme est encore incertaine.
3. Hâtons-nous donc. C’est Paul qui nous le dit : « Pour moi, je ne cours pas au hasard. (1Cor. 9,26) Il faut courir et courir, avec ardeur. Quand on court, on ne fait pas attention aux objets environnants, aux prés dans lesquels on entre, aux chemins arides et âpres que l’on traverse. Quand on court, on ne voit pas les spectateurs, on ne voit que le prix. Qu’on ait autour de soi des riches ou des pauvres, qu’on soit en butte aux moqueries ou qu’on reçoive des éloges, qu’on vous adresse des outrages, qu’on vous lance des pierres, qu’on pille votre maison, qu’on voie devant soi ses fils, son épousé, n’importe quoi, on n’est pas distrait, à cette vue ; on ne fait attention qu’à une chose, à courir, à remporter le prix. Quand on court, on ne s’arrête pas, car la moindre lenteur, la moindre halte peut vous faire perdre tout le fruit de vos efforts. Quand on court, on ne se ralentit pas avant d’arriver au but ; que dis-je ? C’est quand on est près du but qu’on redouble d’ardeur. Ce que j’en dis s’adresse à ceux qui répètent : Nous nous sommes exercés dans notre