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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/502

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Car s’il est dit que la mort ne prévaudra plus contre lui, s’il est ressuscité, si cette résurrection l’a rendu plus puissant que la mort, s’il a triomphé et terrasse la mort par la mort même, et si, après tout cela, il est crucifié de nouveau, tout ce qu’on vient de dire n’est qu’un tissu de fables ridicules. Celui qui reçoit un nouveau baptême crucifie de nouveau le Christ. Le Christ est mort sur – la croix : et nous mourons dans le baptême, non à la chair, mais au péché. Il y a là deux genres de mort différents ; le Christ meurt à la, chair et nous au péché. Par le baptême, le vieil homme qui était en nous est enseveli, et c’est un nouvel homme, qui ressuscite comme Jésus-Christ est ressuscité après sa mort. Si donc un second baptême est nécessaire, une seconde mort est nécessaire aussi ; car le baptême n’est rien autre chose que la mort du vieil homme et la création d’un homme nouveau dans celui qui est baptisé. L’expression « parce que nous crucifions de nouveau » est belle. Car ces hommes déchus dont il parle, oublieux de la grâce qu’ils ont reçue autrefois, mènent une vie lâche et dissolue, et se conduisent en tout point, comme s’il y avait un nouveau baptême : Il faut donc ici faire bien attention. « Ce don du ciel qu’ils « ont goûté », c’est la rémission des péchés.. Il n’appartient qu’à Dieu d’accorder ce don. C’est une grâce qu’il nous fait une fois dans le baptême. « Mais quoi ? Demeurerons-nous dans le péché, pour donner lieu à une surabondance de grâce ? à Dieu ne plaise ! » (Rom. 6,1, 2)Si, pour être sauvés, il nous faut toujours la grâce, nous ne serons jamais vertueux. Puisque nous sommes si lâchés et si négligents, quand la grâce du baptême n’est conférée qu’une fois, comment pourrions-nous renoncer à nos péchés, si nous savions que nous pouvons encore laver cette tache ? Nous n’y renoncerions pas, j’en suis bien sûr.
Saint Paul énumère ici une foule de dons qui viennent de Dieu. Si vous voulez comprendre, écoutez bien : Pécheur, dit-il, Dieu a daigné vous accorder la rémission la plus éclatante. Celui qui était plongé dans les ténèbres, celui qui était D’ennemi déclaré de Dieu, celui dont Dieu s’était détourné avec horreur, celui qui était perdu, celui-là a été tout à coup éclairé, jugé digne de la grâce du Saint-Esprit, des dons célestes, de l’adoption divine, du royaume des cieux, d’autres faveurs encore, de l’initiation à de saints mystères, et tout cela ne l’a pas rendu meilleur. Après avoir obtenu le don du salut et s’être vu honoré, comme s’il s’était distingué par sa vertu, lé voilà en état de perdition. Comment donc pourrait-il recevoir encore le baptême ? C’est impossible, et l’apôtre établit cette impossibilité sur deux raisons dont la dernière est la plus forte. Ces raisons quelles sont-elles ? C’est d’abord l’indignité de l’homme qui a abusé de tous les dons que Dieu a daigné lui faire lin pareil homme né mérite pas de se renouveler par la pénitence. C’est ensuite que le Christ ne peut être crucifié une seconde fois : car ce serait l’exposer à l’ignominie. Il n’y a donc pas, non il n’y a pas de second baptême. Autrement, il y en aurait aussi un second, un troisième, un quatrième ; car le premier se trouve dissous par le second, le second par le troisième et ainsi de suite à l’infini. « Qui se sont nourris de la sainte parole de Dieu et de l’espoir des grandeurs du siècle à venir ». Il n’explique pas ces paroles ; mais c’est comme s’il disait : Vivre comme les anges, se passer des biens de ce monde, savoir que Dieu, eu nous adoptant, nous accorde les biens du siècle à venir, avoir en perspective ces sanctuaires où nous serons admis ; un jour, voilà les fruits du Saint-Esprit et de ses leçons ! Mais quelles sont ces grandeurs du siècle à venir ? C’est la vie éternelle, la vie angélique. Le Saint-Esprit, en nous donnant la foi, nous a déjà, donné un avant-goût de tous ces biens. Maintenant, je vous le demande : si l’on vous introduisait dans le palais d’un souverain, si l’on vous confiait toutes les richesses qu’il renferme, et si vous les perdiez, vous les confierait-on de nouveau ?
4. Eh quoi ! dira-t-on, est-ce qu’il n’y a plus de pénitence possible ? Il y en a une, mais ce n’est plus celle du baptême. Cette sorte de pénitence est cependant très-efficace ; elle peut délivrer du fardeau de ses péchés l’homme qui est plongé dans le péché ; elle peut ramener au port celui-là même qui est, au fond de l’abîme. Cette vérité est prouvée en maint passage. « Est-ce que celui qui tombe ne peut pas se relever ? Est-ce que l’homme qui tourne le dos à Dieu ne peut pas se retourner vers lui ? » (Jer. 8,4) Le Christ, si nous voulons, peut encore se former en nous : Entendez-vous Paul qui vous dit : « Mes petits enfants, pour qui je sens de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que le Christ soit formé, en vous ? » (Gal. 4,19) Or pour cela, il n’y a qu’une condition à remplir : c’est que la pénitence entre dans nos âmes. Voyez en effet comme Dieu, est bon et clément. Nous méritions, dans le principe, toutes sortes de châtiments, pour avoir, malgré les lumières de la loi naturelle et mille faveurs divines, ignoré Dieu et mené une vie impure et immonde. Et Dieu, loin de nous punir, nous a comblés, de biens, comme si nous avions fait les actions les plus grandes et les plus belles.
Nous avons encore failli et, loin de nous punir, il nous a apporté un remède à nos maux, la pénitence qui suffit pour détruire et effacer tous nos péchés, pourvu que nous connaissions bien la nature de ce remède et la manière dont il faut l’appliquer. Il faut d’abord nous condamner nous-mêmes et confesser tous nos péchés. « Je vous ai fait connaître mes fautes et je n’ai pas caché mes péchés. Je déclarerai hautement, et en m’accusant moi-même, mon impiété au Seigneur, et vous m’avez pardonné mon impiété ». (Ps. 31,56) « Commencez par avouer vos péchés, pour qu’on vous les pardonne, ». (Is. 43,26) « Le juste commence par s’accuser lui-même ». (Prov. 18,17) Il faut, en second lieu, nous humilier profondément ; car il y a là comme une chaîne d’or dont le premier anneau amène tous les autres. Une bonne confession amène l’humilité ; car, lorsqu’on réfléchit sérieusement à ses, fautes, on ne peut s’empêcher d’être humilié. Mais l’humilité ne suffit pas ; il faut ressentir ce qu’éprouvait le saint roi David, quand il disait : « Purifiez mon cœur, ô mon Dieu » ; et lorsqu’il