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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/506

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aussi un éloge. Depuis le temps que vous apprenez, vous devriez être des maîtres ? Eh bien ! Il dit aussi aux Galates : « Je m’étonne que vous ayez changé si vite ». Cet étonnement implique un éloge ; car lorsqu’on a fait de grandes choses et qu’on ne les fait plus, nous nous étonnons. Voyez-vous maintenant comme, sous l’accusation et la réprimande, l’apôtre s’entend bien à cacher un éloge ? Et il ne parle pas en son nom ; il parle au nom de tout le monde. Il ne dit pas : J’ai confiance, mais : « Nous avons confiance en vous. « Nous augurons mieux de votre salut » : c’est-à-dire de votre conduite à l’avenir ou de la rémunération qui vous attend. S’il, a parlé plus haut de cette terre réprouvée qui est menacée de la malédiction et du feu, il prévient toute application que les Hébreux pourraient se faire à eux-mêmes de ces paroles, et il se hâte d’ajouter : « Dieu n’est point injuste pour, oublier vos œuvres et votre charité », leur montrant par là que ce qu’il a dit plus haut ne s’applique pas directement à eux. Mais si ces menaces ne s’appliquent pas à nous, pourraient objecter ses auditeurs, pourquoi ces paroles qui semblent nous reprocher notre paresse ? Pourquoi nous rappeler cette terre qui jette des épines et dés ronces ? « Nous désirons », dit l’apôtre, « que chacun de vous fasse paraître jusqu’à la fin le même zèle, afin que votre espérance soit accomplie et que vous ne soyez point paresseux, mais que vous vous rendiez les imitateurs de ceux qui, par leur foi et par leur « patience, sont devenus les héritiers des promesses (11, 12) ».
3. Nous désirons, dit-il, et notre désir est bien réel. Mais que désirez-vous, ô saint apôtre ? Nous désirons que vous persévériez dans la vertu, non parce que nous condamnons votre passé, mais parce que nous craignons pour l’avenir. Il n’a pas dit : Ce n’est pas votre passé que je condamne, c’est le présent, c’est votre dissolution, c’est la paresse dans laquelle vous êtes tombés. Non, le reproche, il le leur adresse avec douceur et à, mots couverts ; il ne les frappe pas brutalement. Que dit-il en effet ? Il dit : « Nous désirons que chacun de vous fasse paraître jusqu’à la fin le même zèle ». Paul, en cette circonstance, fait preuve d’un tact admirable. Il ne leur met pas sous tes yeux leur tiédeur. « Nous souhaitons que chacun de vous fasse paraître jusqu’à la fiai le même zèle », leur dit-il ; c’est-à-dire : Je fais des vœux pour que votre ardeur ne se refroidisse pas, pour que vous soyez maintenant et toujours tels qu’on vous a vus d’abord. Ces ménagements ôtent l’amertume du reproche qui de cette manière est accepté facilement. Et encore ne dit-il pas : Je veux ; ce n’est pas un maître qui commande ; c’est un père, bienveillant qui exprime un souhait. « Nous désirons » ; c’est comme s’il s’excusait d’avoir quelque chose de pénible à leur dire. « Nous désirons que chacun de vous fasse paraître jusqu’à la fin le même zèle, afin que votre espérance soit accomplie ». Quel est le sens de ces mots ? L’espérance, dit-il, vous soutient et vous ranime. Ne vous laissez point abattre, ne vous désespérez pas ; vos espérances ne seront point vaines. Quand on fait bien, on doit avoir bon espoir, on ne doit jamais désespérer. « Afin que vous ne deveniez point paresseux ». Il leur a dit plus haut : « Vous êtes devenus inattentifs ». Mais, en parlant ainsi, il ne s’en prend qu’à leur inattention du moment, maintenant ses paroles ont un autre sens. Il était sur le point de leur dire : Ne persistez pas dans votre tiédeur, mais il leur dit : Gardez-vous de tomber dans la paresse. II parle pour l’avenir, et ses paroles n’ont rien de compromettant ; car on ne peut condamner l’avenir qui n’existe pas encore. Dire à un homme négligent : Maintenant faites diligence et montrez-vous vigilant, c’est peut-être le moyen de le rendre plus négligent et plus paresseux. Mais, quand on dit : « A l’avenir », il n’en est pas ainsi. « Nous désirons ;», dit-il, « que chacun de vous fasse paraître le même zèle ». C’est un langage plein de bienveillance ; il s’occupe des grands et des petits ; il les connaît tous, il ne méprise personne ; tous ses auditeurs ont également part à sa sollicitude et à sa considération. C’est ainsi qu’il leur faisait accepter sa parole, quelque sévère, quelque amère qu’elle fût. « Il ne faut pas que vous deveniez paresseux », dit-il, car, si la paresse altère les forces physiques, elle rend l’âme moins ardente pour le bien, elle l’énerve, elle l’affaiblit.
« Imitez », dit-il, « ceux qui par leur foi et par leur patience sont devenus les héritiers des promesses ». Et ceux-là quels sont-ils ? Il vous le dit plus bas. Marchez sur les traces de votre passé. Et, pour qu’ils ne l’interrogent plus à ce sujet, il remonte jusqu’à Abraham le patriarche, il leur montre le beau côté de leur propre histoire, il leur offre, pour affermir leurs âmes, l’exemple du saint patriarche. Il ne veut pas qu’ils se regardent comme une race dédaignée, comme une race sans valeur et abandonnée de Dieu. Il faut qu’ils se pénètrent de cette vérité, qu’il appartient aux âmes nobles et courageuses de traverser les épreuves, et que Dieu s’est – servi des grands hommes, pour offrir cet exemple au monde. Il faut, dit-il, tout supporter avec patience ; cette patience est encore de la foi. Car si celui qui vous, fait une promesse (accomplit à l’instant même, quelle occasion avez-vous eue de prouver votre confiance en lui ? Le mérite n’est plus de votre côté ; il est du mien. C’est moi qui ai prouvé tout d’abord ma fidélité à tenir ma parole. Mais si je vous dis : Voilà un don que je vous promets et si je ne vous fais ce don que dans cent ans, sans que, pour cela, vous ne cessiez de compter sur moi, oh ! alors, c’est que vous avez confiance en moi, c’est que vous avez de moi l’opinion que je mérite. Vous voyez que l’incrédulité prend souvent sa source, non seulement dans le désespoir, mais encore dans la faiblesse, dans l’impatience ; vous voyez qu’elle ne vient pas de celui qui promet. « Dieu n’est pas injuste », dit l’apôtre, « pour oublier la tendre sollicitude que vous avez témoignée par les assistances que vous avez rendues en son nom et que vous rendez encore aux saints ». Voyez comme il les ménage et comme il insiste sur ce point, Cette tendre sollicitude, ce n’est pas seulement aux, saints, c’est à Dieu même que vous l’avez témoignée.