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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/530

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HOMÉLIE XVI.


AUSSI EST-IL LE MÉDIATEUR D’UN NOUVEAU TESTAMENT, AFIN QUE SA MORT INTERVENANT POUR LE RACHAT DES INIQUITÉS QUI SE COMMETTAIENT SOUS LE PREMIER TESTAMENT, CEUX QUI SONT APPELÉS DE DIEU REÇOIVENT L’HÉRITAGE QU’IL LEUR A PROMIS. (IX, 15, JUSQU’À 23)

Analyse.

  • 1 et 2. Le nouveau Testament est un testament vrai : ses dispositions, ses lois, ses témoins ; mort du testateur qui le rend définitif. – La mort sanglante de notre testateur figurée par les hosties sanglantes immolées au moment où Dieu consacra le premier Testament. – Magnifique témoignage de la présence réelle. – Preuve du secret chez les premiers initiés ou premiers chrétiens. – La vertu des anciens sacrifices sanglants venait du sang de Jésus-Christ.
  • 3 et 4. La vertu fera de notre cœur un vrai ciel : magnifique comparaison. – Exemples des saints arrivés, dès cette vie, à la hauteur des cieux et plus haut même encore. – Les funambules et bien d’autres, dont la profession est rude et dangereuse, devraient nous faire rougir. – Toujours vouloir et prouver notre volonté en mettant la main à l’œuvre : Dieu nous aidera.


1. Vraisemblablement un certain nombre des plus faibles convertis, étonnés de la mort même de Jésus-Christ, n’avaient pas eu foi en sa promesse. Paul, pour donner à leurs idées une réfutation sans réplique, cite un exemple emprunté aux coutumes les plus communes de la vie. Quel est cet exemple ? Le motif même, dit-il, qui doit vous donner confiance et joie, c’est que précisément un testament n’est pas certain, ni valide, ni d’effet définitif pendant la vie, mais bien après la mort~du testateur. Voilà pourquoi il avance que Jésus « est médiateur d’un nouveau Testament ». Un testament se fait aux approches de la mort ; son essence est de reconnaître certains héritiers et de déshériter d’autres personnes. Ainsi en est-il ici quant aux héritiers. « Je veux », a dit Jésus-Christ, « qu’ils soient où je suis moi-même ». (Jn. 17,24) Et quant aux déshérités, écoutez son arrêt : « Je ne prie pas pour tous, mais pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi ». (Jn. 17,20) De plus, un testament énonce les dispositions du testateur, et impose aux légataires certaines dispositions, aussi ; ils ont à recevoir telle chose, et à faire telle autre chose. Ainsi, dans ce même cas, Jésus après avoir fait des promesses sans nombre énonce certains devoirs qu’il exige en retour, quand il dit : « Je vous donne un commandement nouveau ». (Jn. 17,13) En troisième lieu, le testament doit avoir des témoins. Écoutez ses paroles à cet endroit : « C’est moi qui rends témoignage de moi-même ; mais mon Père qui m’a envoyé me rend aussi « témoignage ». Et ailleurs, parlant de l’Esprit consolateur : « C’est lui », dit-il, « qui me rendra « témoignage ». (Jn. 8,18 ; 15, 26) Et il envoya ses apôtres en disant : « Soyez mes témoins devant Dieu ».
« Il est », dit-il, « médiateur de la nouvelle alliance ». Quel est le droit du médiateur ? Il n’a pas en son pouvoir l’objet pour lequel il s’interpose. Autre est cet objet, autre le médiateur. Ainsi l’entremetteur d’un mariage n’est pas le fiancé, mais celui qui aide le fiancé à trouver une épouse. De même, au cas présent, le Fils fut à la fois notre médiateur et celui du Père. Le Père ne voulait pas nous laisser son héritage infini ; irrité contre nous, il nous gardait comme à des ennemis sa rude et légitime sévérité. Jésus, intercédant entre lui et nous, a fléchi son cœur. Et voyez comme il a rempli ce rôle d’intermédiaire. Il porta et reporta les paroles échangées du ciel à la terre, transmit à, Dieu l’exposé de nos besoins, s’offrit même à subir la mort. Oui, nous avions péché, nous devions mourir ; mais il mourut pour nous, et nous rendit dignes de paraître sur le testament. Et ce qui établit définitivement cet acte testamentaire, c’est que désormais il ne concerne plus des indignes. Car, dès le commencement, en père affectueux, Dieu nous avait fait un testament : mais devenus indignes, nous n’avions plus à figurer au testament, mais au supplice. Pourquoi, dès lors, dit saint Paul aux Juifs, pourquoi vous glorifier de la loi ? Le péché nous a réduits à une si triste condition que désormais le salut nous était impossible, si Notre-Seigneur n’avait pour nous subi la mort ; la loi faible et nulle, aurait été absolument impuissante.
Non content de confirmer ses assertions parla coutume universelle, l’apôtre l’appuie sur les circonstances qui consacrèrent l’antique Testament : Cette preuve est tout à fait choisie pour eux. On lui aurait dit : Mais personne alors ne mourut pour l’établir ; où fut donc le principe de sa solidité, de sa stabilité ? Il répond : La consécration de l’antique alliance fut toute semblable. – Comment ? C’est qu’on y versa le sang, comme le sang coule chez nous. Et ne vous étonnez pas si ce n’était pas alors le sang du Messie : Cette alliance ancienne n’était qu’une figure. Voilà pourquoi l’apôtre ajoute : « C’est pourquoi le premier Testament lui-même ne fut consacré qu’avec le sang (18) ». Consacré, qu’est-ce à dire ? Comprenez établi, confirmé, ratifié. Il fallut donc, dit-il, qu’on vît alors la figure et d’un testament et d’une mort. Autrement, expliquez-moi pour quelle raison le livre du Testament reçoit une aspersion sanglante ? Car voici le texte de l’histoire sainte
2. « Moïse ayant lu devant tout le peuple toutes les ordonnances de la loi, prit du sang des veaux et des boucs avec de l’eau, de la laine teinte en écarlate et de l’hysope et en jeta sur