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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/601

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portant l’ignominie de sa croix (13) », c’est-à-dire en souffrant comme lui, et nous mettant en communion de tribulations avec lui. Pareil au condamné à mort, il a été traîné hors de Jérusalem au supplice ; n’ayons pas honte nous-mêmes de sortir de ce monde. C’est ce que l’apôtre laisse à entendre dans ces expressions : Sortir hors du camp, hors de la ville. « Car », dit-il, « nous n’avons pas ici-bas de demeure permanente ; mais nous cherchons celle où nous devons habiter un jour. Offrons donc par lui sans cesse à Dieu une hostie de louange, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui rendent gloire à son nom (14, 15) ». – « Par lui », dit-il, comme par les mains d’un pontife, car il l’est comme homme et dans sa chair. – « Des lèvres », ajoute-t-il, « qui glorifient son nom » : comme s’il disait : N’ayons aucune parole de malédiction, d’insolence, de présomption, d’impudence, d’orgueil ; mais que la pudeur et les convenances règlent tous nos discours et toutes nos actions. Au reste, l’apôtre ne fait point sans motif de telles recommandations aux Hébreux ; il sait que leurs cœurs sont livrés à l’affliction, et que, sous cette influence, l’âme souvent rejette tout espoir, dépouille toute pudeur. Et c’est, dit-il, ce que nous ne ferons jamais ; répétant ainsi une pensée que plus haut il exprimait ainsi : « N’abandonnez point nos réunions » ; tel est, en effet, le moyen d’agir en tout avec pudeur et sagesse ; car il est plus d’un péché que nous évitons de commettre, ne fût-ce que par respect de nos semblables.
3. « Enfin souvenez-vous d’exercer la bienfaisance et la communion des biens (16) ». C’est ce que Paul disait alors, et c’est aussi ce que je vous répète aujourd’hui, et je ne m’adresse pas seulement aux frères ici rassemblés, mais aux absents eux-mêmes. Personne n’a pillé vos biens. Or l’apôtre dit : Supposé même que l’on vous ait ainsi dépouillés, montrez-vous encore hospitaliers avec ce qui vous reste. Quelle excuse aurons-nous donc à l’avenir, quand ces disciples entendent un tel langage après ce pillage de leurs biens ? Et remarquez que l’apôtre dit ici : « N’oubliez pas d’exercer la bienfaisance », après avoir dit : « L’hospitalité » ; n’indiquant pas, par conséquent, tantôt un précepte, tantôt un autre, mais un seul et même précepte sous des expressions différentes. Il ne dit pas : N’oubliez pas de recevoir les étrangers, mais : N’oubliez pas l’hospitalité ; c’est-à-dire non seulement recevez, mais aimez l’étranger. Il n’a pas parlé non plus ici d’une récompense à venir et déposée par avance au ciel ; craignant qu’une simple expectative ne les endorme davantage, il parle d’une récompense déjà donnée : grâce à l’hospitalité, dit-il, plusieurs, à leur insu, ont accueilli des anges.
Mais revenons sur nos pas. « Le mariage », dit saint Paul, « est honorable en tout, ainsi qu’un lit nuptial sans tache ». Comment le mariage est-il honorable ? C’est, répond-il, qu’il maintient et conserve le fidèle dans la chasteté. Il condamne ici implicitement les juifs, qui regardaient comme impure l’union des corps, disant que l’homme qui sort ainsi de la couche nuptiale ne peut être pur. L’œuvre de la nature ne peut être abominable, ô Juif ingrat et sans raison ; le péché ne peut être que l’œuvre de la volonté libre et consentante. Que si le mariage est honorable et pur, comment l’usage de ses droits pourrait-il souiller l’homme ? « Que nos mœurs soient exemptes d’avarice ». Un trop grand nombre de gens, après avoir épanché généreusement tous leurs biens, veulent les retrouver sous forme d’aumône ; c’est pourquoi l’apôtre dit : Point d’avarice ! Ne cherchez rien au-delà du besoin, du nécessaire ! – Mais quoi ? Peut-être n’avons-nous pas même cet indispensable nécessaire ? – Mensonge, dit l’apôtre, mensonge évident : car Dieu même a dit, et il ne peut nous tromper : « Je ne vous délaisserai point, je ne vous abandonnerai point » ; de sorte que nous puissions dire aussi : « Le Seigneur est mon pro« lecteur ; je ne craindrai point ce que l’homme « voudrait me faire ! » (Ps. 117,6) Comme si (apôtre disait : Vous avez une promesse divine, ne doutez pas un instant ! Il s’est engagé : Ne chancelez pas ! Et cette parole : Je ne vous abandonnerai pas, comprend non seulement les besoins d’argent, mais tous les besoins. « Le Seigneur est mon protecteur ; et je ne craindrai pas ce que l’homme voudrait me faire » : parole du prophète, que l’apôtre emprunte avec raison pour mettre comme un sceau à sa propre affirmation, et pour redoubler en nous cette confiance qui rend le désespoir impossible. Répétons donc, nous aussi, ces assurances divines dans toutes nos épreuves. N’ayons pour les choses humaines qu’un sourire de mépris ; tant que nous aurons la faveur de Dieu, personne ne nous pourra vaincre. Comme l’amitié de tous les hommes nous serait inutile, si Dieu est notre ennemi ; par contre, avec sa seule amitié, le monde entier peut nous faire la guerre, sans que nous soyons même atteints. Aussi, continue le Prophète, « je ne craindrai pas ce que l’homme peut me faire ».
« Souvenez-vous de vos conducteurs qui ont « annoncé la parole de Dieu ». Je crois que l’apôtre recommande encore ici la charité reconnaissante et secourable ; c’est là que tend cette remarque : Ils vous ont annoncé la parole de Dieu ; – « Et considérant quelle a été la fin de leur vie, imitez leur foi ». – « Considérant », qu’est-ce à dire ? étudiant constamment, examinant avec réflexion, avec raisonnement, avec scrupule, avec toute ardeur et bonne volonté. L’apôtre choisit à bon droit l’expression : « Examinant la fin de leur vie », c’est-à-dire une vie jusqu’au bout sage et pure, une vie qui mérite une fin heureuse. « Jésus-Christ était hier, il est aujourd’hui et sera le même dans tous les siècles ». C’est-à-dire : N’allez pas croire qu’il ait fait des miracles, et qu’il n’en fasse plus aujourd’hui. Il est toujours le même ; et parce qu’il est le même, on ne pourrait assigner aucun temps où pareille puissance ne soit plus à lui. C’est peut-être à cette perpétuité du Christ que pensait l’apôtre en écrivant : « Souvenez-vous de vos conducteurs ; et ne vous laissez pas entraîner par des doctrines variées et étrangères ». – « Étrangères », entendez : à des doctrines différentes de celles que nous vous avons enseignées ;