Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/664

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lius se faisait un plaisir de l’entendre ; il était lié avec les deux Catulus, père et fils : L. Crassus l’honorait de son estime ; et ses relations étroites avec les Lucullus, Drusus, les Octaves, Caton, et toute la famille des Hortensius, lui donnaient la plus haute considération : car il était recherché et de ceux qui voulaient réellement l’entendre pour s’instruire, et de ceux qui feignaient de le vouloir. Assez longtemps après, ayant suivi L. Lucullus en Sicile, il quitta cette province avec lui et s’arrêta à Héraclée. Comme cette ville jouissait des plus grands privilèges en qualité d’alliée, il voulut en être citoyen ; son mérite personnel, soutenu du crédit et de la protection de Lucullus, le lui fit aisément obtenir. Ensuite parut la loi de Silvanus et de Carbon, qui accordait le droit de citoyen romain « à ceux qui seraient inscrits dans quelqu’une des villes fédérées ; qui seraient domiciliés en Italie lors de la publication de la loi ; qui enfin dans les soixante jours auraient fait leur déclaration devant le préteur. » Archias, qui était domicilié à Rome depuis plusieurs années, alla faire sa déclaration chez le préteur Q. Métellus, son ami.

IV. S’il n’est question ici que de la loi et du droit de citoyen, je n’ai plus rien à dire, la cause est plaidée. Lequel de ces points peux-tu attaquer, Gratius ? Diras-tu qu’il n’a pas été inscrit à Héraclée ? Mais voici un témoin dont l’autorité, la parole, la véracité sont incontestables, Lucullus, qui ne dit pas, je crois, j’ai ouï dire, j’étais présent, mais, je le sais, je l’ai vu, c’est moi qui l’ai fait. Voici des députés d’Héraclée, les hommes les plus distingués de la ville, qui sont venus exprès pour cette cause, avec des lettres de créance, pour déposer au nom de leur cité ; et ils attestent qu’il a été inscrit comme citoyen d’Héraclée.

Ici tu me demanderas les registres de cette ville ; mais tout le monde sait qu’ils ont été brûlés avec les archives, pendant la guerre d’Italie. Il est ridicule de ne rien opposer aux preuves que nous avons, et de demander celles que nous ne pouvons avoir ; de se taire sur des souvenirs attestés de vive voix, et d’exiger des témoignages par écrit : et, tandis que nous avons l’autorité d’un citoyen si recommandable, et le serment d’une ville municipale la plus digne de notre confiance, de récuser ces preuves qui ne peuvent être falsifiées, pour redemander des registres qui, selon toi-même, peuvent l’être tous les jours. Dira-t-on qu’il n’était pas domicilié à Rome, lui qui, tant d’années avant la loi, avait fait de Rome le centre de ses affaires et de sa fortune ? Qu’il n’a pas fait sa déclaration ? Mais il l’a faite dans les registres qui seuls depuis cette époque, d’après une décision des préteurs réunis, sont reconnus pour authentiques. Ceux d’Appius passaient pour être tenus avec trop de négligence ; la légèreté de Gabinius tant qu’il fut en place, le désordre de ses affaires après sa condamnation, avaient fait perdre aux siens toute créance. Métellus au contraire, le plus intègre, le plus modeste des hommes, poussa si loin le scrupule, qu’il vint trouver le préteur Lentulus et les juges pour leur faire part d’une rature qui lui causait de l’inquiétude. Or dans ces registres, vous ne trouverez point de rature sur le nom d’Aulus Licinius.