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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/153

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distingué les faux amis d’avec les véritables, que dans son bannissement, lorsqu’il n’avait plus de grâces à accorder ni aux uns ni aux autres. J’ai peine à croire qu’avec son orgueil insupportable, il ait jamais pu avoir un seul véritable ami. Si un tel homme n’était pas d’un caractère à pouvoir être sincèrement aimé, la situation brillante de certains hommes puissants n’éloigne pas moins d’eux l’amitié fidèle. La fortune n’est pas seulement aveugle elle-même ; bien souvent encore elle rend aveugles ses favoris. Ils sont alors bouffis d’orgueil et d’insolence, et rien au monde n’est plus insupportable qu’un homme sans raison, environné de tout l’éclat de la fortune. Il n’est même pas rare de voir des hommes qui étaient auparavant de mœurs faciles, changés tout à coup par les honneurs, le pouvoir, la prospérité, mépriser leurs anciens amis, et former des liaisons nouvelles. Quelle folie pourtant à des hommes qui, par leur crédit et leurs richesses, pourraient se procurer tant d’avantages, de ne se procurer que ce qu’on a pour de l’argent, des chevaux, des valets, de superbes habits, des meubles précieux, et de ne pas songer à s’acquérir des amis qui sont, pour ainsi parler, le meilleur et le plus beau meuble de la vie ! Lorsqu’on rassemble autour de soi tous les autres biens, on ne sait pour qui on les acquiert, pour qui on travaille. Ces biens-là deviennent souvent la proie du plus fort ; la possession d’un ami, au contraire, est certaine et stable. En supposant même que les présents de la fortune nous restent, la vie ne saurait être agréable,

    sophe grec, un mois après la mort du dictateur, le parti du tyran, comme il l’appelait, se fortifiait de jour en jour. Ce parti n’avait sans doute pour chefs que des ambitieux qui voulaient recueillir son héritage ; mais il n’en était pas moins dangereux.