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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/23

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DE LA VIEILLESSE.

l’âge de quatre-vingt-quatorze ans, son Panathénaïque, et qui vécut encore cinq ans. Son maître Gorgias le Léontin alla jusqu’à la cent septième année, sans abandonner ni ses études ni ses travaux. Quelqu’un lui demandant un jour comment il ne s’ennuyait pas de vivre si long-temps : Je n’ai aucune raison, dit-il, de me plaindre de la vieillesse. Belle réponse, et bien digne d’un homme éclairé ! Il n’y a que les insensés qui rejettent sur la vieillesse leurs défauts et leurs vices. On ne pouvait faire ce reproche à Ennius dont je parlais tout à l’heure :

Tel le noble coursier
Qui triompha souvent aux plaines d’Olympie,
Coule dans le repos les restes de sa vie.

Il compare sa vieillesse à celle d’un noble coursier, souvent victorieux. Vous pouvez très bien vous ressouvenir de lui, puisqu’il n’y avait que dix-neuf ans qu’il était mort lorsque les consuls actuels, T. Flamininus et M’. Acilius, furent élus. Cépion était consul, et Philippe l’était pour la seconde fois, quand Ennius mourut ; et moi-même, à l’âge de soixante-cinq ans, j’avais encore une assez forte voix et une assez bonne poitrine pour faire passer la loi Voconia. Ennius, à l’âge de soixante-dix ans, où il mourut, supportait si bien deux choses qui sont réputées les plus grands fardeaux de la vie, la pauvreté et la vieillesse, qu’il semblait en faire son bonheur.

Lorsque j’y réfléchis, je trouve qu’il y a quatre causes qui font paraître la vieillesse misérable : la première est, dit-on, qu’elle nous éloigne des affaires ; la seconde, qu’elle affaiblit le corps ; la troisième, qu’elle prive de presque tous les plaisirs ; la quatrième, qu’elle est voi-