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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/243

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plus agréable et ne vous rendra plus populaire. Gagnez ensuite sur vous de paraître agir naturellement dans ce qui est le plus éloigné de votre naturel(34). Ainsi vous ne manquez pas de l’aménité qui convient à un homme bon et aimable ; mais vous avez ici besoin d’une sorte de complaisance, qui, vicieuse et déshonorante dans le reste de la vie, est indispensable dans votre position. Elle est coupable quand, par la flatterie, elle corrompt l’homme à qui elle s’adresse ; on doit moins la blâmer quand elle se borne à conquérir sa bienveillance ; un candidat ne peut s’en passer, lui dont les traits, la physionomie, les discours, doivent se plier aux idées et aux affections de tous ceux qu’il aborde. Il n’y a rien à prescrire concernant l’assiduité ; le mot seul explique quel est ce devoir. Il est essentiel sans doute de ne pas s’absenter ; cependant l’assiduité ne consiste pas uniquement à être à Rome et dans la place publique, mais à solliciter sans cesse, à rechercher souvent les mêmes personnes, à empêcher qu’aucune ne puisse dire : Que m’importe ce qu’obtiendra ce candidat qui ne m’a rien demandé, qui ne demande point avec instance, avec énergie ? L’affabilité se répand dans un cercle immense : elle s’exerce d’abord dans notre intérieur ; et, vantée par nos amis, elle nous rend agréable à la multitude, quoiqu’elle ne puisse s’étendre jusqu’à elle. Votre affabilité paraîtra aussi par les festins que vous donnerez et que donneront vos amis dans divers quartiers et dans chaque tribu, Elle se manifeste enfin par vos bons offices, que vous devez prodiguer, et pour ainsi dire, rendre vulgaires. Que jour et nuit, l’accès près de vous paraisse facile, moins encore par l’ouverture des portes de votre maison, que par la sérénité de votre front et de vos yeux,