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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/247

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amis ou de causes plus importantes dont vous vous êtes déjà chargé, il se retire à coup sûr votre ennemi : tels sont les hommes ; tous aiment mieux un mensonge qu’un refus. C. Cotta, cet habile maître dans l’art de la brigue(35), disait qu’il promettait à tout le monde, tant qu’on ne lui demandait rien de contraire à son devoir, et qu’il s’acquittait envers ceux dont la reconnaissance lui semblait le plus avantageuse. «Si je ne refuse personne, ajoutait-il, c’est qu’il arrive souvent que celui qui a reçu ma promesse n’en réclame point l’exécution ; souvent aussi que je me trouve moi-même plus de loisir que je ne l’avais espéré. On n’emplit point sa maison de clients, quand on n’accepte des causes qu’autant que l’on en croit pouvoir terminer, le hasard faisant arriver celle sur laquelle on comptait le moins, et empêchant de suivre celle qui semblait la plus instante. Le plus grand risque enfin est d’offenser celui qu’a trompé votre promesse ; mais cet inconvénient est incertain, est éloigné, et ne s’étend qu’à peu de gens, tandis que vous promettez à tous. Par des refus, au contraire, vous indisposez certainement, et dès à présent, un plus grand nombre de personnes ; car ceux qui veulent pouvoir compter sur votre assistance sont plus nombreux que ceux qui en usent. Il vaut donc mieux offenser un jour peut-être quelques clients dans le forum, que tous, et sur-le-champ, dans votre maison. Les hommes sont plus irrités contre celui qui les refuse que contre celui qu’ils voient empêché, par une cause légitime, de tenir sa promesse, mais plein du désir d’y satisfaire aussitôt qu’il le pourra. » Pour ne point paraître m’écarter de ma division, en regardant ces attentions comme des moyens d’obtenir la faveur populaire, j’ajouterai qu’elles influent moins