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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/269

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INVECTIVE
ATTRIBUÉE À SALLUSTE
CONTRE CICÉRON.


I. Je serais sensible aux injures que votre bouche vomit contre moi, Cicéron, si je devais attribuer ces emportements à la réflexion plutôt qu’à la dépravation de votre caractère. Cependant, comme votre audace n’observe ni mesure ni bienséance, je m’en vais vous répondre, et vous faire entendre des vérités sévères pour tempérer le plaisir que vous trouvez à la calomnie. Mais devant quel tribunal dois-je porter mes plaintes ? à quels juges, pères conscrits, dois-je exposer les brigandages qui se font dans la république, et les plus audacieuses trahisons ? Est-ce au peuple romain, si corrompu par les largesses des ambitieux, qu’il regarde comme vénale sa liberté et son existence ? Est-ce au sénat, dont l’autorité est devenue le jouet de la perversité et du crime ? C’est ici qu’on entend un Cicéron défendre les lois et les décrets du peuple romain, et qu’on voit dominer cet homme nouveau avec le même empire que pourrait s’attribuer un descendant de Scipion l’Africain ; comme s’il n’était pas sorti des derniers rangs du peuple, citoyen adoptif et à peine reconnu dans Rome.

Pensez-vous, Cicéron, que vos actions soient ignorées ? Depuis votre enfance, avez-vous jamais regardé