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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/283

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et leurs vertus les eussent rendus célèbres. Si donc leur mérite personnel a été le premier titre de leur gloire et de leur noblesse, pourquoi ne pas nous juger d’après les mêmes règles, nous qui, à des fonctions remplies avec honneur, joignons des mœurs irréprochables ? Voudriez-vous nous faire croire que vous descendez de ces grands hommes ? s’il en était ainsi, on verrait alors quelques personnes rougir de votre turpitude. Quant à moi, l’éclat de ma vie rejaillira sur mes ancêtres ; s’ils ont été inconnus jusqu’ici, que leur nom commence en moi. Vous, par l’opprobre de votre conduite, vous avez répandu d’épaisses ténèbres sur vos pères ; et quand bien même ils auraient été d’excellents citoyens, vous les auriez déjà fait tomber dans le plus profond oubli. Ne m’objectez donc plus nos anciens héros. Il est plus glorieux pour moi de m’attirer de la considération par mon propre mérite, que de m’appuyer sur les vertus de mes ancêtres ; je serai ainsi le premier noble de ma famille, et je puis lui servir de modèle. Il n’est pas juste, d’ailleurs, pères conscrits, de me comparer avec ceux qui ne sont plus, et qui n’ont plus à craindre la haine ni l’envie ; il conviendrait mieux de me mettre en parallèle avec ceux qui de notre temps ont gouverné la république. Mais si j’ai poussé trop loin l’ambition dans la recherche des honneurs (et je ne blâme pas cette ambition utile au peuple, dont je ne crains pas de me déclarer le premier partisan, mais cette ambition funeste et illégale, dont Salluste est le plus ardent soutien) ; si j’ai fait voir, ou trop de sévérité dans l’exercice de mes charges et dans la punition des crimes, ou trop de vigilance dans le gouvernement de Rome, et ce qu’il appelle proscription (il s’imagine sans doute que tous ses semblables