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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/289

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ont voulu que l’on craignît leurs armes. Je n’ai jamais désiré le pouvoir que pour vous ; plusieurs d’entre vous, enorgueillis de leur puissance, ont fait usage de leurs forces contre vous-mêmes. Ainsi ne soyez pas étonnés si je n’ai jamais compté parmi mes amis que ceux qui ont été constamment les amis de la république. Je ne me repens ni d’avoir promis mes services à Vatinius accusé, lorsqu’il les sollicitait, ni d’avoir réprimé l’insolence de Sextius, ni d’avoir condamné la patience de Ribulus, ni d’avoir loué les vertus de César. Ce sont là des titres de gloire pour un bon citoyen. Si vous prétendez m’en faire des crimes, vous soulèverez l’indignation contre vous, sans pouvoir me rendre odieux. J’en dirais davantage, pères conscrits, si je parlais devant d’autres auditeurs, et non devant vous, dont les conseils ont dirigé toutes mes actions. Mais quand les choses parlent d’elles-mêmes, qu’est-il besoin de longs discours ?

V. Il est temps maintenant, Salluste, d’en venir à votre personne même. Je ne parlerai point de votre père, qui, n’eût-il jamais rien eu à se reprocher, n’aurait cependant rien pu faire de plus funeste à l’état que d’engendrer un fils tel que vous. Je ne veux même pas examiner les écarts de votre première jeunesse, pour ne point paraître accuser la négligence de votre père, qui alors pouvait surveiller votre conduite.Voyons seulement votre adolescence : c’est en la dévoilant tout entière que l’on comprendra sans peine que vos infamies et vos turpitudes n’ont fait que répondre alors à celles de votre premier âge. Quand le trafic honteux de votre corps ne put suffire à vos incroyables profusions, et que votre âge se prêta moins à tous les désirs du vice, des passions fougueuses agitèrent tous vos sens, et vous