Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élevés dans la liberté, celui-là doit être aimé de vous, qui vous a préservés de ce joug déshonorant. Et si vos ancêtres, après s’être assurés par la victoire le plus précieux des biens, la liberté, ont non seulement élevé des statues, mais accordé même l’honneur immortel du triomphe aux généraux qui avaient brisé par leur courage la fureur de l’ennemi, vous devez désirer qu’un consul qui, sans le secours des soldats, par sa seule fermeté d’âme, a renversé, de concert avec le sénat, les projets des plus criminels citoyens, ne soit point privé de sa patrie, et reste au milieu de vous.

II. Si les services qu’on rend à des particuliers sont ordinairement utiles à leurs auteurs, je puis, à juste titre, moi qui vous ai tous sauvés, vous exhorter à me défendre contre une injuste proscription. Il n’est pas plus difficile de défendre un seul homme qu’un peuple entier, ni plus juste de réclamer de chacun en particulier que de tous ensemble, le prix et la récompense d’un service : on peut, sans beaucoup d’efforts, combattre pour un seul homme, et il en coûte moins à celui qui prend sa défense ; tandis que, dans les périls de la république, l’ennemi est d’autant mieux disposé à la lutte, qu’il attaque tout le corps de l’état ; et si l’on ne joignait à la prévoyance et au zèle un invincible courage, on ne pourrait résister. De plus, les ressources des hommes pris à part sont souvent faibles, et malgré tous leurs désirs, elles seraient insuffisantes pour payer un bienfait ; le secours de tous est beaucoup plus puissant, parce qu’il repose sur une force plus imposante. Ainsi, le devoir d’un citoyen étant bien plus difficile à remplir envers sa patrie, que celui d’un ami dans la défense d’un particulier, j’ai le droit de m’adresser à vous, qui devez et qui pouvez me secourir(2). Quand j’ai montré