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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/313

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de ses ennemis ? mais c’est ce qui dépend beaucoup moins de lui que des autres ; car ce n’est pas assez d’être attentif à ne nuire à personne, s’il en est qui se font volontairement vos ennemis, et qui vous attaquent par vos bienfaits. Mais cette situation si pénible et si cruelle pour tous, est bien plus affreuse et plus insupportable pour moi, dont les services rendus à l’état sont encore si récents, et dont la famille éprouve tant de chagrins qui en sont le prix. Si cependant, Romains, on veut entrer avec moi dans une discussion impartiale, si je puis compter sur l’équité de mes juges, si l’on m’écoute sans se laisser prévenir par de fausses accusations, je ne doute pas que ceux qui sont arrivés au comble des honneurs n’aient plus à craindre d’en être dépouillés, et que ceux qui espèrent y atteindre n’y parviennent par une route facile et glorieuse. Je ne veux pas, pour reprendre le rang dont je suis déchu, vous entraîner dans ma perte. Si donc il s’agit aujourd’hui de discuter, fort de mon innocence, je triomphe. Si l’on compare les actions, établissons la balance entre mes accusateurs et moi. Mais si la violence m’accable, je céderai seul pour tous à la fureur tribunitienne, parce que je suis accoutumé à m’exposer pour tous au danger.

VI. Si jamais vous vous êtes déclarés en faveur de ceux qui ont été fidèles à la religion, vous devez aussi me défendre, moi, qui ai préservé de la destruction et du sacrilège les temples des dieux, et qui, par ma vigilance, vous ai procuré le calme et le repos. En effet, moi que naguère la fortune avait élevé au comble de la gloire, moi qui me signalai par mon courage, moi à qui le peuple déféra l’honneur suprême, je suis entraîné dans l’abîme par la fureur d’un tribun. Et puisque vous m’avez vu étouffer si bien les funestes flammes de cette