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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/327

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peuple romain, puisqu’il lui laisse pour gage la liberté. J’en atteste donc les dieux et les déesses, j’en appelle surtout à votre propre témoignage, ce n’est ni pour une vie déshonorée, ni pour des crimes odieux, ni pour quelque infamie que l’on puisse me reprocher, ni même par l’autorité des lois que je suis condamné ; mais c’est l’envie qu’excita ma vertu, c’est la gloire si douce que je dois à mes talents, c’est l’étendue de mes services qui ont provoqué la haine de ceux dont la fureur m’exile. Si tel fut le sort de Q. Cépion, de Mancinus, de Rutilius, je n’ai point lieu d’être étonné de subir la même injustice, moi qui n’ai dû aucune partie de mon illustration à l’antiquité de ma famille, et dont la vertu a fait toute la gloire.

XII. C’est à vous maintenant que je m’adresse, chevaliers romains, qui par votre courage avez répandu sur votre patrie tout l’éclat de la victoire ; à vous dont vos concitoyens célèbrent les exploits ; à vous, la joie de nos alliés, le désespoir de nos ennemis : si, dans tous les temps, j’ai montré pour vous l’attachement le plus fidèle ; si j’ai dédaigné mes périls, pour affranchir de toute crainte mon pays ; si j’ai veillé sur vos enfants, comme vous avez coutume de veiller sur vos pères, ne refusez pas aujourd’hui de me secourir de tout votre pouvoir, de me garder ici sous votre protection, dans cette ville que mes soins et mon zèle ont préservée de l’incendie allumé par une conjuration criminelle’; ne souffrez pas que je sois séparé de mes enfants, arraché des bras d’une épouse, condamné à passer loin de mes foyers et de nos autels une vie qui fut irréprochable, à subir enfin le sort du mortel le plus infortuné. Tullius est exilé ! par qui ? vous le voyez. C’est un innocent persécuté par la haine ; un homme religieux, par un