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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/33

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DE LA VIEILLESSE.

soit, pour qui il plante ; il n’hésitera point à répondre : C’est pour les dieux immortels, qui ont voulu non seulement que je reçusse ces biens de mes ancêtres, mais aussi que je les transmisse à mes descendants.

VIII. Ce que le poète dit de ce vieillard soigneux de l’avenir, est bien plus sage que ce qu’il dit ailleurs :

La somme de nos maux croît avec nos années ;
Cette raison suffit, c’est assez pour gémir ;
C’est même trop, vieillesse, et je dois te haïr.

Mais on peut dire aussi que la somme de nos plaisirs croît avec nos années ; et quant aux maux et aux souffrances, la jeunesse n’en a-t-elle point sa part ? Voici quelque chose que je pardonne encore moins à Cécilius :

Le pire, à mon avis, des maux de la vieillesse,
C’est de s’apercevoir que l’on déplaît sans cesse.

Les vieillards, au contraire, sont plutôt aimables que déplaisants, et si les plus sages d’entre eux aiment la société des jeunes gens d’un bon naturel ; si la vieillesse est d’autant plus légère pour eux, qu’ils sont honorés et chéris de la jeunesse : les jeunes gens, de leur côté, profitent avec plaisir des maximes des vieillards qui les conduisent à la pratique des vertus, et je sens que je ne vous suis pas moins agréable que vous ne me l’êtes vous-mêmes. Vous voyez, du reste, que la vieillesse n’est ni paresseuse ni languissante ; qu’elle est même laborieuse, faisant ou méditant toujours quelque chose, et ne perdant jamais de vue les occupations de toute la vie. Que dis-je ? les vieillards n’acquièrent-ils pas aussi de nouvelles connaissances, comme Solon, qui se glorifiait de vieillir en apprenant chaque jour quelque chose de nouveau, comme j’ai fait moi-même en étudiant, sur mes vieux jours, les lettres grecques ? et certes je m’y