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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/339

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sait des lois, abolissait la dictature par un plébiscite, et abusait du consulat pour régner. Il voulait engloutir lui seul toutes les provinces, et ne trouvait pas même dans la Macédoine, que César vainqueur s’était réservée, un gouvernement digne de lui : que devions-nous attendre, que fallait-il espérer d’un tel homme(3) ? Vous parûtes alors, vous fûtes le vengeur de notre liberté : vous méritiez ce titre, et plût aux dieux que notre reconnaissance, fondée sur votre promesse, ne nous eût pas trompés ! Vous rassemblâtes aussitôt les vétérans ; vous fîtes marcher, pour délivrer la patrie, deux légions tournées contre elle, et votre activité seule, en un instant, ranima la république déjà mourante et presque éteinte. Le sénat ne vous combla-t-il pas alors des plus magnifiques récompenses, et sa libéralité ne prévint-elle pas, ne surpassa-t-elle pas tous vos vœux ? Il vous donna les faisceaux ; mais c’était pour avoir un défenseur légal, et non pour armer un ennemi. Il vous proclama imperator, lorsque vous eûtes repoussé l’armée des rebelles ; mais ce n’était pas pour que cette armée, vaincue et mise en fuite, vous donnât ce titre glorieux(4). Il décréta pour vous une statue dans le forum, une place dans le sénat, la suprême magistrature avant l’âge. Enfin, s’il peut donner quelque chose encore, il est prêt à le faire. Qu’exigez-vous de plus grand ? Dans tous les honneurs qu’on vous accorde, a-t-on le moindre égard à votre âge, à la coutume, et même à la condition de mortel ? Pourquoi donc, oubliant ces bienfaits, et joignant la cruauté à l’ingratitude, tenez-vous le sénat assiégé ? Contre quels ennemis vous avons-nous envoyé ? quels ennemis venez-vous de quitter ? Contre qui vous avons-nous armé ? contre qui voulez-vous tourner vos armes ? Qui épargnez-vous ?