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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/37

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DE LA VIEILLESSE.

écouter avec plaisir. Si l’on ne peut en donner l’exemple, on peut du moins instruire Scipion et Lélius : et quel plus agréable tableau que celui d’un vieillard instruisant ses jeunes disciples ? Ne laisserons-nous pas même à la vieillesse les forces nécessaires pour élever, instruire les jeunes gens, et les former à la pratique de leurs devoirs ? eh ! qu’y a-t-il de plus noble que de telles fonctions ? Pour moi, je regardais comme heureux les deux Scipions, Cn. et P., et vos deux aïeux, L. Émile et P. l’Africain, d’être toujours entourés de la jeune noblesse. Oui, quelque faible, quelque languissant que soit un homme qui donne d’utiles leçons, je ne le croirai jamais malheureux. Encore cet affaiblissement provient plus souvent des vices de la jeunesse, qu’il n’est l’effet de la vieillesse. Une jeunesse déréglée et intempérante ne transmet à la vieillesse qu’un corps épuisé. Cyrus[1], dans le discours que Xénophon lui fait tenir en mourant, dans un âge très avancé, nie qu’il se soit jamais senti moins de forces dans la vieillesse que dans l’adolescence. Je me souviens d’avoir vu, dans mon enfance, L. Métellus, le même qui, ayant été fait grand pontife quatre ans après son second consulat, exerça cette magistrature sacrée pendant vingt-deux ans ; il avait si bien conservé ses forces, qu’il ne regrettait point son adolescence. Je n’ai pas besoin de parler de moi-même, quoique ce soit assez la coutume des vieillards, et qu’on le pardonne à notre âge.

X. Voyez-vous comme, dans Homère, Nestor vante souvent ses propres vertus ? Il avait déjà vécu trois âges d’homme, et certes il n’avait point à craindre qu’en disant des choses vraies à sa louange, il ne parût ou

  1. Le premier Cyrus, fondateur de l’empire des Perses. Cyropédie, VIII, 7