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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/43

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DE LA VIEILLESSE.

Sans cela, il eût été, comme son père, l’ornement de Rome ; car, à sa grandeur d’âme, il joignait encore de plus grandes lumières. Qu’y a-t-il donc d’étonnant de voir certains vieillards sujets à des infirmités, lorsque les jeunes gens eux-mêmes n’en sont pas exempts ? Il faut, mes amis, se raidir contre la vieillesse, s’appliquer sans relâche à corriger les torts qu’elle peut avoir, et la combattre comme on combat la maladie. Nous devons ménager notre santé, user d’un exercice modéré, ne prendre de nourriture que ce qu’il en faut pour réparer nos forces, non pour les accabler. Et nos soins ne doivent pas se borner au corps seulement, nous devons nourrir encore mieux l’esprit et le cœur ; car si on ne les entretient comme la lampe en lui fournissant de l’huile, eux aussi s’éteignent dans la vieillesse. Il y a même cette différence entre l’esprit et le corps, que celui-ci s’appesantit par le grand exercice, tandis que celui-là en reçoit une vigueur nouvelle. Cécilius entend par ce mot de sots vieillards de comédie, les vieillards crédules, oublieux, inconséquents : défauts moins propres à la vieillesse, qu’aux vieillards dont la vie n’est plus qu’engourdissement et sommeil. Comme la pétulance et le libertinage, qui appartiennent plutôt à la jeunesse qu’à la vieillesse, ne se rencontrent pas dans tous les jeunes gens, mais seulement dans ceux qui n’ont point de mœurs ; ainsi cette faiblesse de tête qu’on a coutume d’appeler enfance, est le partage, non pas de tous les vieillards, mais de ceux qui n’ont point de caractère. Appius, vieux et aveugle, gouvernait très bien quatre fils déjà formés, cinq filles, une maison considérable et une nombreuse clientèle(16). Son esprit était tendu comme un arc, loin de languir et de succomber sous le poids de la vieillesse. Il ne mainte-