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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/437

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gloire, et que l’innocence de ses mœurs, sa sagesse, ses vertus militaires, n’aient reçu un nouveau lustre de la fermeté avec laquelle il soutint la perte de son fils. Mais tout en déclarant que je ne me pardonnerais pas de l’avoir oublié, je me hâte, il faut l’avouer, d’arriver, à Caton(26), et c’est pour moi rentrer dans le port après la plus rude tempête, que de pouvoir m’arrêter au nom et à l’exemple d’un si grand homme. Ses belles actions et son éminente vertu, aussi reconnue au dehors par les ennemis du nom romain, que sur le théâtre de sa patrie, n’ont jamais plus excité mon admiration que cette grandeur d’âme qu’il manifesta aux yeux de tout le monde à la mort de son fils, préteur désigné. Il ne serait pas difficile de joindre à ceux-ci beaucoup d’autres, qui, comme eux, ont signalé leur courage par leur patience. Je pourrais vous citer Q. Marcius Rex(27) qui, ayant perdu un fils tendre et vertueux, surmonta sa douleur par sa prudence, et qui, le jour même qu’il vit le bûcher de ce fils, assembla le sénat et y présida. Dans ce combat funeste que Crassus(28) livra aux Parthes, et qui coûta la vie à son fils, tant s’en fallut qu’il s’abandonnât aux lamentations, qu’il réprimanda son armée de ce qu’elle paraissait émue pour un soldat de moins ; et, en la faisant souvenir de la vertu romaine, il l’exhorta à redoubler ses efforts et à se reposer sur lui seul de la vengeance du fils qu’il avait perdu. P. Crassus(29), un de ses ancêtres, illustre consulaire, avait vu d’un œil sec mourir un autre P. Crassus son fils. Cn. Cépion(30) ne fut pas moins louable, peut-être même le fut-il davantage, pour avoir soutenu la même épreuve de la part du sien, qui avait péri dans un naufrage. Il en parut si peu affecté, qu’aucun de ceux qui le voyaient de plus