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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/477

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dant pas, pour la résoudre, à l’induction qui se tire du préjugé, que les corps mêmes des morts conservent je ne sais quoi de respectable, que les âmes ne s’anéantissent point par la mort, et que les corps mortels ne sont que comme les sépulcres de ces substances immortelles. Il y a bien d’autres arguments plus forts et plus solides à opposer à ceux qui soutiennent que l’âme meurt avec le corps, pour leur faire voir qu’ils combattent la raison avec des armes qui n’en ont que l’ombre. S’en rapporteront-ils à l’autorité ? Je n’en connais point de supérieure à celle du mortel qu’Apollon lui-même a déclaré le plus sage de tous. Socrate donc, dans tous ses discours, n’a jamais cessé d’assurer que les âmes des hommes étaient divines, et que, quand elles quittaient le corps, elles retournaient au ciel d’où elles étaient venues auparavant ; doctrine en tout conforme à celle de la secte connue et révérée par l’antiquité sous le nom d’Italique, qui avait constamment soutenu que nos âmes venaient du ciel, et que non seulement elles étaient un présent de Dieu, mais qu’elles étaient une partie de la Divinité même, et une céleste émanation.

Si l’on refusait d’admettre ce dogme, on trouverait qu’il n’est pas facile à détruire, et il faudrait être bien fort pour renverser par des raisonnements les preuves solides et nombreuses qui servent de fondement à cette vérité. Nous en trouvons la conviction dans nous-mêmes, je veux dire dans l’activité presque incroyable de notre esprit, dans ce mouvement de la pensée toujours vive et toujours puissante. Ce que le corps ne pourrait exécuter et achever en plusieurs mois, ni même en un très grand nombre d’années, l’esprit, par sa vitesse et par sa légèreté, le parcourt, y revient à