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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/483

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de nos édifices, aux monuments de l’écriture, aux sommes immenses que nous employons à des choses durables et dignes d’admiration ; enfin, à toutes les acquisitions successives du génie de l’homme, nous comprendrons que nous ne ferions point tout cela, si nous n’étions persuadés que nous avons quelque droit sur les temps les plus reculés, et sur l’éternité même. Que dis-je ? le désir de la gloire, la soif des honneurs, l’ambition de la puissance et des richesses, n’indiquent-ils pas combien l’homme s’inquiète de l’avenir, et qu’il ne se borne pas, comme les autres animaux, au soin de se repaître et de vivre ? Mais ce sont là des objets trop méprisables et trop bas pour lui, et ils ne semblent faits que pour être renfermés dans le cercle étroit de notre vie. Portons nos regards sur d’autres, incomparablement plus relevés, qui sont pour nous seuls, exclusivement à tout ce qui a vie sur la terre. Convenons que l’homme est né pour contempler le ciel et toutes les choses célestes, pour sonder la profondeur des sciences les plus abstraites, soit qu’elles aient pour but la culture des mœurs, en les conservant dans leur pureté, ou en les rendant plus parfaites, soit qu’elles tendent à acquérir les connaissances astronomiques, soit enfin qu’elles contribuent à exercer la mémoire et le jugement dans les matières cachées et obscures. Toutes ces propriétés si importantes et si variées ne montrent-elles pas que l’âme est divine, et que son essence n’a pu dériver ni nous être transmise que du ciel ? Pouvons-nous nous figurer que, si elle s’anéantissait avec le corps, les plus sages d’entre les hommes fussent si contents de mourir, et que les fous et les insensés y apportassent tant d’aversion et de répugnance ? On nous dit que Socrate, touchant à ce dernier mo-