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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/489

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presque toujours en contradiction avec lui-même, se souvienne au moins que l’univers est gouverné par la volonté divine, et que ce livre est ouvert pour nous enseigner qu’il y a quelque chose que nous devons étudier et apprendre. Je lui demanderai donc s’il a toujours vu la terre, ou fertile chaque année, ou portant constamment les meilleurs fruits, et n’en produisant jamais de mauvais, non plus que des herbes inutiles ; s’il se souvient que les animaux aient constamment été féconds sans avoir, en aucun temps, été stériles. S’il en est autrement, et s’il n’y a rien dans le monde qui suive perpétuellement la même ligne et qui garde le même ordre, en vertu de quoi l’homme serait-il exempt des vicissitudes que nous observons dans les productions de la terre et des animaux ? Si, pendant le cours de plusieurs années, pendant lesquelles il aura eu des enfants et acquis des richesses et des honneurs, il a eu le bonheur de jouir de tous ces avantages, il pourra s’en applaudir ; cependant il lui restera quelque adversité à souffrir : le moins qui lui puisse arriver sera de mourir, et la mort lui devra paraître d’autant plus légère, qu’elle est commune à tous les hommes sans exception, et qu’elle n’est particulière à aucun d’eux. Elle doit même être d’autant plus agréable, qu’elle nous retire de plusieurs erreurs qui nous troublent tant que nous vivons, et que nous ne saurions démêler parmi la diversité d’opinions qui nous traversent dans la recherche de la vérité, à la découverte et à la jouissance de laquelle elle nous conduit sans nous fatiguer. Et le désir de savoir étant aussi naturel qu’il l’est à l’homme, on doit présumer qu’il ne peut rien lui survenir de plus avantageux. En effet, je ne vois pas en quoi la science serait fort désirable, si elle ne consistait