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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/517

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telles : mon dessein est plutôt d’engager les hommes vertueux, par la considération du grand nombre de ceux qui, dans presque tous les pays, ont été glorifiés de cette manière, à mériter les mêmes honneurs qui, au jugement des gens sages, sont les plus dignes d’être recherchés. En effet, que peut-il arriver à un homme de plus magnifique et de plus désirable, que d’être placé au même lieu où les fondateurs de notre ville ne sont parvenus qu’en affrontant les périls, et à force de travaux et de combats ? À ne consulter même que le bien-être et l’utilité propre, le sage et le savant ne doivent pas en désirer d’autre, et c’est là que doivent tendre tous leurs vœux. Des temples leur seront dédiés et consacrés au nom de leur patrie : et quel moyen plus sûr de répandre au loin l’éclat de leur mérite et de leur gloire ? Ceux qui rendent un culte public à ces dieux à qui l’on voue des temples, en reconnaissant qu’ils ont été hommes, sont obligés d’avouer qu’ils se sont frayé le chemin au faîte de toutes les grandeurs, aux honneurs divins, par leur seule vertu. On n’est point surpris que ce culte, ces dédicaces, ces temples et ces cérémonies se soient établis pour des enfants des dieux et des déesses ; car, outre que ce culte est saint et religieux, outre qu’il est conforme à la piété et à la justice, il ne donne lieu ni à l’étonnement, ni au doute, parce qu’on n’y voit qu’une suite nécessaire du droit naturel, suivant lequel celui qui est engendré d’un dieu, ou issu et procréé d’une déesse, doit être dieu : au lieu qu’il semble étrange, et que l’on est plus disposé à douter qu’à croire que, du fils d’un homme et d’une femme, on puisse faire un dieu. Non qu’on se permette de douter ou de nier que les honneurs suprêmes ne puissent être légitimement accordés à la