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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/67

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DE LA VIEILLESSE.

XVII. Les livres de Xénophon renferment beaucoup de choses de la plus grande utilité. Continuez, je vous y exhorte, à les lire avec application. Comme il s’étend sur les louanges de l’agriculture, dans son livre de l’économie domestique, intitulé l’Économique ! Pour faire sentir que nulle occupation ne lui semble plus royale que la culture des champs, il fait, dans ce livre, raconter par Socrate à Critobule, que Cyrus le jeune, roi des Perses, également grand par son génie et la gloire de son empire, ayant reçu dans sa cour à Sardes le Lacédémonien Lysandre, homme d’un mérite éminent, qui lui apportait des présents de la part de ses alliés, le traita avec beaucoup de politesse et de bonté, et lui fit voir un parc planté avec soin ; que Lysandre, enchanté de la beauté des arbres, de leur disposition en quinconce, de la propreté des allées bien battues et bien unies, et des odeurs suaves que les fleurs exhalaient, lui dit que, dans tout cela, il n’admirait pas seulement l’exécution qui en était parfaite, mais encore l’intelligence de celui qui en avait conçu le plan ; et que Cyrus lui répondit : C’est moi qui l’ai conçu : la disposition et l’alignement, sont mon ouvrage ; et plusieurs de ces arbres ont été plantés de ma propre main ; qu’à ces mots Lysandre fixant les yeux sur la magnificence asiatique, la pourpre, l’or, les pierreries qui rehaussaient la beauté de ce prince, s’écria : Ah ! c’est à juste titre, Cyrus, qu’on vous dit heureux, puisqu’en vous la fortune se joint à la vertu(24) !

Sans doute la vieillesse peut jouir d’une telle fortune, et l’âge n’empêche pas que nous ne conservions, jusqu’au dernier moment, le goût de toutes ces choses,