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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/145

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de froment et cinquante mille sesterces de bénéfice pour Apronius ! Aviez-vous donc baissé dans cette proportion le prix des dîmes, ou bien, après qu’elles avaient été portées assez haut, a-t-on arraché de force aux laboureurs une si grande quantité de grains et de si grosses sommes d’argent ? Quelle que soit votre réponse, vous ne pouvez que choisir entre deux délits, entre deux griefs. Certes vous ne direz pas (et plût au ciel que vous le dissiez ! ) que les profits d’Apronius ne se sont pas élevés si haut ; car je vous convaincrai non-seulement par les registres de la ville, mais par les conventions particulières et les lettres des laboureurs, et vous verrez que vous n’avez pas mis moins d’activité à commettre vos rapines que je n’en ai mis à les découvrir. Soutiendrez-vous cette seule accusation ? Quel défenseur pourra la réfuter ? Quels juges, même avec le désir de vous être favorables, se refuseront à son évidence ? Du premier abord, dans un seul canton, Q. Apronius a pu, outre le numéraire dont j’ai parlé, enlever trois cent mille boisseaux de froment, à titre de bénéfice ? Mais, quoi ! les habitans d’Etna sont-ils les seuls qui déposent de ce délit ? Loin de là ; entendez ceux de Centorbe, qui possèdent la plus grande partie du territoire d’Etna. Leurs députés, personnages très-nobles, Andron et Artémon, ont reçu du sénat de Centorbe la mission de veiller aux intérêts de leur ville. Quant aux vexations commises envers des particuliers de Centorbe, non sur le territoire de cette ville, mais sur celui d’une autre cité, le sénat ni le peuple de Centorbe n’ont point jugé à propos de vous envoyer une députation. Les laboureurs de Centorbe eux-mêmes, qui forment dans la Sicile une classe si nombreuse d’hommes riches et honorables, ont choisi