Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’en prenait à Apronius, lorsqu’il avait réduit à la misère un laboureur ; à Timarchide, lorsqu’il avait reçu de l’argent pour une sentence, pour un décret, pour une condamnation ou pour une grâce ; au licteur Sestius (57), lorsque sa hache avait tranché la tête d’un innocent ? Personne. Tous accusaient Verrès, comme tous veulent aujourd’hui le voir condamner. Ils lui ont rebattu aux oreilles que vous étiez l’associé du préteur. Voyez-vous, Verrès, combien ce grief était évident, et l’a toujours été, puisque Timarchide lui-même en appréhende les effets ? Avouerez-vous enfin qu’il ne s’agit point ici d’un délit de notre invention, puisque dès ce temps-là votre affranchi cherchait le moyen de vous justifier ? C’est votre affranchi, c’est votre appariteur, c’est un homme étroitement lié avec vous et à vos enfans, c’est votre confident intime qui écrit à Apronius que la voix publique ne permet pas à Metellus de douter qu’Apronius n’ait été votre associé dans les dîmes. Faites-lui connaître le mauvais esprit des cultivateurs ; ils s’en repentiront, s’il plaît aux dieux. Pourquoi, dieux immortels ! cette haine si furieuse contre les cultivateurs ? Quel mal ont-ils donc fait à Verrès, pour qu’un homme qui n’est que son affranchi, son appariteur, les poursuive dans cette lettre avec un tel acharnement ?

LXVIII. Juges, je ne vous aurais pas fait lire la lettre de ce vil esclave, si je n’avais pas cru nécessaire que vous connussiez les maximes, les principes et les règles qui dirigent toute la maison de Verrès. Vous voyez les avis que Timarchide donne à Apronius, par quels moyens, par quelles largesses il lui conseille de se faire admettre dans l’intimité de Metellus, pour gagner Vulteius, pour gagner à prix d’argent les greffiers et l’appariteur. Ce qu’il en-