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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/213

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vu un seul repas sobre ou décent ; qui pendant trois ans, dans l’âge de l’adolescence, s’est trouvé tous les jours à table avec des courtisanes et des hommes dissolus ; qui jamais n’a entendu sortir de la bouche de son père un mot qui pût le rendre plus réservé et plus vertueux ; qui jamais n’a vu rien faire à son père qu’il pût imiter, sans s’attirer la honteuse réputation de lui ressembler ?

xx[1] LXIX. Et en cela ce n’est pas seulement envers votre fils, c’est aussi envers la république que vous vous êtes rendu coupable : car, si vous avez des enfans, ce n’est pas seulement pour vous, c’est pour la patrie ; ce n’est pas seulement pour votre satisfaction, c’est pour qu’ils se rendent un jour utiles à la république. Les former, les instruire d’après les maximes de nos ancêtres, d’après les lois de l’état, et non d’après vos débauches et vos honteuses voluptés, voilà ce que vous deviez faire. Il aurait pu, quoique fils d’un père indolent, dissolu et pervers, devenir actif, sage et vertueux ; la république vous devrait au moins quelque chose d’estimable. Au lieu de cela, vous nous avez donné, pour vous remplacer, un autre Verrès, à moins peut-être qu’il ne soit pire, s’il est possible : car, si vous êtes devenu tel que vous êtes, vous n’aviez pourtant pas été formé à l’école d’un homme nageant dans l’opulence, mais seulement d’un misérable escroc, faisant métier d’acheter les suffrages. Quelle rare perfection ne devons-nous pas attendre dans celui que la nature a fait votre fils ; l’éducation, votre disciple ; et ses inclinations, tout le portrait de son père ? Ce n’est pas que je ne visse bien volontiers ce jeune homme devenir sage et courageux ; je m’inquiète peu de l’inimitié qui pourra

  1. xx Les chapitres de ce discours marqués de ces astériques manquaient dans le manuscrit de M. Gueroult.