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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/217

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vente forcée de blé se monte à huit cent mille boisseaux. Le blé de la seconde dîme se paie trois sesterces le boisseau ; celui de la vente forcée, quatre sesterces. Ainsi le trésor public a accordé chaque année, à Verrès, trois millions deux cent mille sesterces pour ce dernier objet, et neuf millions pour le premier. Il a donc reçu, dans les trois années, trente-six millions six cent mille sesterces (59). Cette somme énorme, qui vous a été remise par un trésor pauvre et presque épuisé, qui vous a été remise pour des acquisitions de grains, c’est-à-dire pour la subsistance du peuple romain, qui vous a été remise pour dédommager les cultivateurs siciliens des charges onéreuses que nous leur imposons, vous l’avez, Verrès, tellement dilapidée, que je pourrais prouver, si je le voulais, que vous l’avez gardée tout entière par devers vous. Non, je le répète, je ne serais point embarrassé de rendre la chose évidente aux yeux du juge le plus indulgent. Mais je n’oublierai pas ce que je dois à ma considération personnelle ; je ne perdrai point de vue les intentions et les motifs qui m’ont porté à me charger d’une cause publique ; je n’agirai point envers vous en accusateur de profession (60) ; je bannirai les suppositions ; je ne mettrai sous les yeux de mon auditoire que des faits dont j’aurai été moi-même le premier convaincu. Dans cette somme donnée par le trésor, juges, il y a trois espèces de vols. D’abord, Verrès a laissé ces fonds entre les mains de la compagnie chargée de les lui délivrer, mais en exigeant d’elle deux pour cent d’intérêt (61). Ensuite, beaucoup de communes n’ont absolument rien touché pour le grain qu’elles ont fourni. Enfin, à celles qu’il a payées, il a retenu ce qu’il a voulu. Aucune n’a reçu entièrement ce qui lui appartenait.

LXXI. Et d’abord, Verrès, je vous ferai une question.