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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/239

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s’attribuait-il une somme si considérable ou sur les propriétés des laboureurs ou sur les revenus du peuple romain ? Car, en supposant que cet argent pût être sans injustice pris aux laboureurs, le peuple romain ne devait-il pas en profiter, surtout dans l’état de détresse où se trouvait le trésor ? Et si la volonté du peuple romain, d’accord avec l’équité, est que cet argent soit payé aux cultivateurs, de quel droit votre appariteur, aux gages du peuple romain pour un modique salaire, s’enrichira-t-il à leurs dépens ?

Et dans cette cause Hortensius soulèvera-t-il contre moi tout l’ordre des greffiers ? prétendra-t-il que je compromette leurs intérêts, que j’attaque leurs droits ? Comme si cette remise était autorisée par un seul exemple, par un seul règlement. Faut-il remonter aux temps passés ? Parlerai-je de ces greffiers qui furent des modèles de probité et de désintéressement ? Je n’ignore pas, juges, que les exemples du vieux temps ne sont écoutés, regardés aujourd’hui que comme des contes faits à plaisir. Je tirerai donc mes exemples de notre siècle, tout corrompu, tout dépravé qu’il peut être. Il n’y a pas long-temps, Hortensius, que vous fûtes questeur : vous pouvez nous dire ce que faisaient vos greffiers. Pour moi, voici ce que je dirai des miens. Lorsque dans cette même Sicile je payai aux villes l’argent qui leur était dû pour le blé, j’avais avec moi, pour greffiers, deux hommes éminemment probes, L. Mamilius et L. Sergius : non-seulement ils ne prélevèrent point ces deux cinquantièmes, mais ils ne firent à personne la retenue d’un sesterce.

xx LXXIX. J’avouerai, juges, que ce serait à moi qu’il faudrait s’en prendre, si jamais ils m’avaient demandé