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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/347

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préteur, il les avait envoyées. Je le priai de me dire si elles étaient arrivées à Agrigente ; il dit qu’elles y étaient arrivées. Je lui demandai enfin si elles étaient revenues chez lui. — Pas encore, répliqua-t-il. Cette réponse fit rire le peuple, en excitant un murmure général parmi vous.

Comment ne vous est-il pas venu dans l’esprit, Verrès, d’engager Heius à écrire sur son livre de comptes qu’il vous les avait vendues six mille cinq cents sesterces ? Avez-vous craint de vous endetter en payant six mille cinq cents sesterces ce que vous auriez pu revendre deux cent mille (31) ? Croyez-moi, la chose en valait bien la peine ; vous auriez d’ailleurs un moyen de défense : personne ne songerait à vous chicaner sur la valeur de ces objets, si seulement vous pouviez prouver que vous en avez fait l’achat : votre conduite aux yeux de chacun serait pleinement justifiée ; mais aujourd’hui, le moyen de vous débarrasser de ces tapisseries ? vous n’en avez aucun.

Et ces colliers (32) d’un travail admirable, que l’on dit avoir appartenu au roi Hiéron, et dont Philarque, ce riche et noble citoyen de Centorbe, était possesseur, les lui avez-vous enlevés, ou bien vous les a-t-il vendus ? Pendant mon séjour en Sicile, voici ce que j’ai entendu raconter à Centorbe et dans toute la province ; car il n’était bruit que de cette affaire. Tout le monde disait qu’à Centorbe vous aviez volé les colliers de Philarque, comme à Palerme ceux d’Ariste, comme à Tyndaris ceux de Cratippe ; et ces objets n’avaient pas moins de prix. Certes, si Philarque vous les eût vendus, vous ne vous seriez pas engagé à les restituer au moment où vous fûtes traduit en justice ; mais depuis, ayant reconnu que