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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/377

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dans ces occasions, ne cherchait-il nullement à se cacher, ni à employer ses amis ou ses agens ; mais il volait publiquement, sur son tribunal, entouré de tout l’appareil de la puissance publique.

XXIII. Dans un voyage qu’il fit à Catane, ville opulente et très-célèbre, il manda le proagore ou premier magistrat, nommé Dionysiarque, et lui ordonna publiquement de rassembler tout ce qu’il y avait d’argenterie dans la ville, et de la lui faire apporter. Philarque de Centorbe, le premier de ses concitoyens par sa naissance, son mérite et ses richesses, ne vous a-t-il pas attesté, sous la foi du serment, que Verrès lui avait donné la même charge, le même ordre, pour la recherche et la saisie de toute l’argenterie qui pouvait se trouver dans cette ville, une des plus grandes et des plus riches de la Sicile ? Agyrone a vu pareillement tous ses vases de Corinthe transportés à Syracuse, par les soins d’Apollodore, à qui Verrès en avait donné l’ordre, et dont vous avez entendu la déposition.

Voici bien le trait le plus curieux. Notre actif et infatigable préteur, passant proche d’Haluntium, ne voulut point se donner la peine de monter jusque dans cette ville, parce qu’elle est située sur une hauteur et d’un accès difficile. Il fait venir Archagathus, personnage très-considéré, non-seulement dans Haluntium, mais dans toute la Sicile, et le charge de lui faire apporter à l’instant, sur le bord de la mer, tout ce qu’il y avait dans la ville d’argenterie ciselée, et même, s’il s’en trouvait, de vases de Corinthe. Archagathus remonte à la ville. Cet homme, d’illustre naissance, et qui désirait conserver l’estime et l’affection de ses concitoyens, était désespéré d’avoir une