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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/381

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mérite de cette accusation, je regarde comme de vrais accusateurs ces hommes dont la sagacité sentait de si loin les fripons, et qui, sur de légers indices, pouvaient les suivre à la piste. Mais nous, quelles perquisitions avons-nous à faire à l’égard de Verrès pour découvrir les traces de cette fange dont tout son corps est empreint ? Le beau mérite vraiment d’accuser un homme qui, en passant près d’une ville, fait arrêter un instant sa litière, et, sans aucun détour, mais ouvertement, d’autorité, d’un seul mot, dépouille sans exception chaque maison de toute une ville ! Cependant, afin de pouvoir dire qu’il a acheté, il charge Archagathus de distribuer, pour la forme, quelques pièces de monnaie à ceux dont il avait emporté l’argenterie. Archagathus n’en trouva qu’un petit nombre qui voulussent accepter ; il les paya ; mais ces avances, Verrès ne les lui a pas encore remboursées. Archagathus a eu envie de le poursuivre en paiement à Rome, mais Cn. Lentulus Marcellinus l’en détourna, comme vous avez pu l’entendre par sa déposition. Lisez la déposition d'Archagathus et celle de Lentulus.

N’allez pas croire cependant que ce soit sans intention qu’il ait accumulé cette incroyable quantité d’ornemens. Voyez, juges, quel est son respect pour vous et pour l’opinion du peuple, pour les lois et pour les tribunaux, pour les Siciliens et nos négocians romains témoins de ses rapines. Quand il eut rassemblé tous ces ornemens, et qu’il n’en resta plus un seul chez personne, il ouvrit publiquement un vaste atelier au milieu de Syracuse, dans le palais même des anciens rois. Tous les ouvriers orfèvres et ciseleurs du pays eurent ordre de s’y rendre ; et déjà lui-même en avait un grand nombre à