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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/393

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qu’aux extrémités de la terre. Les deux rois de Syrie avaient apporté à Rome un candélabre en pierreries extrêmement brillantes, et d’un travail admirable. Ils le destinaient au Capitole (57). L’édifice n’étant point achevé, ils ne purent y placer ce chef-d’œuvre. Ils ne voulaient pas non plus l’exposer dès-lors aux regards du public, afin qu’il parût avec plus d’avantage, lorsqu’à l’ouverture du temple on le verrait placé dans le sanctuaire du très bon, très-grand Jupiter (58), et que son éclatante beauté causât autant de surprise que d’admiration, en frappant pour la première fois les regards. Ils convinrent donc entre eux de le remporter en Syrie, bien résolus aussitôt qu’ils sauraient que la statue de Jupiter aurait été consacrée, d’envoyer par des ambassadeurs ce rare et magnifique présent, avec les autres offrandes dont ils se proposaient d’orner le Capitole. Verrès eut connaissance de ce candélabre, je ne sais par quelle voie ; car le roi voulait le tenir caché : non pas qu’il eût aucune crainte, aucune méfiance ; mais il désirait que les particuliers ne satisfissent pas leur curiosité avant le peuple romain. Le préteur demande au prince le candélabre, le prie avec instance de le lui envoyer : il est impatient, dit-il, de l’examiner ; nul autre que lui ne le verra.

Antiochus avait l’âme d’un jeune homme et d’un roi : il ne soupçonna pas qu’il avait affaire à un brigand. Ses officiers ont ordre d’envelopper le candélabre et de le porter au palais du préteur le plus secrètement possible. Ils arrivent ; les voiles sont enlevés : Ô la belle chose ! s’écrie-t-il, digne du royaume de Syrie ! digne d’être offerte par des rois ! digne du Capitole ! En effet, le candélabre brillait de tout l’éclat que pouvait ré-.