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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/405

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son nom et pour ses seuls intérêts, fut prise et détruite par les Carthaginois, qui transportèrent en Afrique les monumens de la ville vaincue, afin d’en décorer Carthage. On distinguait particulièrement, chez les Ségestains, une Diane d’airain aussi remarquable par l’ancienneté de son culte que par la perfection du travail. Par ce déplacement, cette statue changea seulement de lieu et d’adorateurs : elle conserva les mêmes honneurs ; et son extrême beauté lui fit retrouver, chez un peuple ennemi, le pieux tribut des hommages qu’elle recevait auparavant. Plusieurs siècles après, dans la troisième guerre punique, P. Scipion venait de prendre Carthage (et remarquez ici la probité religieuse du vainqueur, afin que le souvenir glorieux de si beaux exemples de vertu vous inspire une indignation encore plus profonde contre l’incroyable audace de l’accusé), Scipion, dis-je, savait que la Sicile avait été long-temps et à plusieurs reprises mise au pillage par les Carthaginois. Il convoqua tous les Siciliens qui se trouvaient dans son armée, et les invita à faire les plus exactes recherches, s’engageant à donner tous ses soins pour que chaque ville recouvrât ce qui lui avait appartenu. En conséquence les statues enlevées de la ville d’Himère, comme je l’ai déjà dit, furent rendues aux Thermitains (62) ; on fit la même restitution aux habitans de Gela, puis à ceux d’Agrigente, qui, entre autres objets précieux, recouvrèrent ce trop fameux taureau, où Phalaris, le plus cruel tyran qui ait jamais existé, se plaisait, dit-on, à renfermer des hommes tout vivans, pour les torturer par la violence des feux allumés sous les flancs de l’animal. On rapporte que Scipion, en rendant ce taureau aux Agrigentins, leur dit que c’était pour eux l’occasion d’examiner s’il leur était plus avantageux