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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/409

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il met tout en usage. Plus d’une fois les Ségestains lui opposent le nom de Scipion l’Africain, et cherchent à lui faire entendre que l’objet qu’il demande est un don du peuple romain ; qu’ils n’ont pas le pouvoir de disposer d’un trophée qu’un illustre général, après la prise d’une ville ennemie, avait voulu laisser dans Ségeste, comme un monument des victoires du peuple romain.

Verrès, bien loin de se décourager, réitère chaque jour sa demande avec plus d’instance. Elle est portée au sénat : toute l’assemblée se récrie avec indignation ; et de ce voyage, le premier qu’il fit à Ségeste, il ne remporta qu’un refus positif. Dès ce moment, toutes les fois qu’il s’agissait, soit d’une levée de matelots ou de rameurs, soit d’une contribution en grains, il ne manquait pas de taxer Ségeste plus que toute autre ville, et souvent bien au delà de ses moyens. De plus, il ne cessait de mander ses magistrats, de forcer ses citoyens les plus honorables et les plus distingués de se rendre auprès de lui, les traînant à sa suite dans tous les lieux où il tenait ses assises. À chacun d’eux en particulier, il déclarait qu’il le perdrait ; et il ne parlait de rien moins que de ruiner leur ville de fond en comble. Vaincus enfin par tant de persécutions et de menaces, les Ségestains décrétèrent qu’il fallait obtempérer aux ordres du préteur (64). Ainsi, parmi le deuil et les gémissemens de toute la population, parmi les larmes et les lamentations des femmes et des hommes, on mit à l’adjudication le déplacement de la statue de Diane.

xx XXXV. Pour comprendre, juges, combien le culte de cette déesse était vénéré, apprenez que dans Ségeste il ne se trouva personne, homme libre ou esclave, citoyen ou étranger, qui osât porter la main sur la statue.