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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/483

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xx LXI Mais laissons là les autres peuples, et revenons aux Syracusains. Lorsque j’arrivai chez eux, je crus d’abord, comme je l’avais entendu dire à Rome par les amis de l’accusé, que l’héritage d’Heraclius (93) avait concilié à Verrès l’affection des Syracusains, comme il s’était fait aimer des Mamertins en les associant à toutes ses rapines et à ses brigandages. Je craignais en même temps, si je voulais compulser les registres publics, de me voir traversé par le crédit de ces femmes également remarquables par leur beauté et par leur naissance, au gré desquelles Verres avait géré sa préture pendant trois ans, et même par la lâche condescendance de leurs trop complaisans maris (94).

Je ne voyais donc à Syracuse que les citoyens romains ; je consultais leurs livres de comptes, j’y reconnaissais les traces de ses iniquités. Lorsque je me sentais fatigué de ce travail long et pénible, je reprenais, pour me délasser, les fameux registres de Carpinatius, où, de concert avec les plus respectables des chevaliers romains qui sont établis à Syracuse, je trouvais l’explication de ces fréquens Verrutius (95) dont je vous ai dit le secret. Quant aux Syracusains, je n’attendais de leur part aucun éclaircissement, donné soit au nom de leur cité, soit individuellement ; je ne songeais pas même à en demander. Pendant que ces pensées m’occupaient, je vois tout à coup se présenter à moi ce même Heraclius, qui était alors le premier magistrat de Syracuse, homme distingué par sa noblesse, et qui avait été prêtre de Jupiter, ce qui, chez les Syracusains, est la dignité la plus honorable. Il m’invite, ainsi que mon parent Lucius, à vouloir bien nous rendre à leur sénat. L’assemblée, disait-il, était nombreuse ; et c’était au nom du corps entier qu’il nous