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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/487

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nase, il ne s’en était pas moins approprié la majeure partie ; qu’après tout, on ne devait pas attendre beaucoup d’affection pour les athlètes de la part d’un homme qui avait enlevé jusqu’au dieu que l’huile a pour inventeur (97) ; qu’enfin la statue de Verrès n’avait été érigée ni aux dépens, ni au nom de la ville ; mais qu’elle était l’ouvrage de ceux qui avaient eu part avec lui au pillage de la succession ; que ces mêmes hommes avaient composé la députation de Syracuse, eux, les ministres de sa tyrannie, les complices de ses vols, les confidens de ses turpitudes ; qu’ainsi je ne devais pas m’étonner qu’ils se fussent séparés des députés chargés des vœux et des intérêts de la Sicile.

xx LXIII. Dès que j’eus reconnu que leur ressentiment égalait, s’il ne surpassait même celui des autres Siciliens, je leur fis part de mes dispositions à leur égard ; je leur développai mon plan et mes moyens d’exécution. Je les exhortai à ne point trahir la cause et les intérêts communs, et à rétracter le panégyrique que les menaces leur avaient, disaient-ils, arraché peu de jours auparavant. Écoutez, juges, ce que firent les Syracusains, c’est-à-dire les cliens et les amis du préteur. D’abord ils m’apportent leurs registres, qu’ils tenaient enfermés dans l’endroit le plus caché de leur trésor, et me les mettent sous les yeux. J’y vois l’état exact de tous les objets que je vous ai dit avoir été soustraits par Verrès, et de bien d’autres dont je n’ai pu vous parler. Voici la teneur de cet état : « Attendu que telle ou telle chose a disparu du temple de Minerve, telle autre du temple de Jupiter, telle autre encore du temple de Bacchus ; et qu’en rendant leurs comptes aux termes de la loi, chacun des hommes préposés à la garde de ces objets qu’ils devaient représenter, avaient demandé à n’être point inquiétés