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Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/67

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annoncé la dîme, et qu’en effet, c’est-à-dire en vertu de votre loi, de votre édit et de vos conventions particulières, on ait adjugé au delà même de la moitié des récoltes, vous glorifierez-vous d’avoir vendu ce dont il ne vous était pas permis de disposer, plus cher que les autres n’ont adjugé ce qu’ils avaient le droit de vendre ?

J’ai, dites-vous, affermé la dîme à plus haut prix que les autres préteurs. Comment y êtes-vous parvenu ? Est-ce par votre probité ? Regardez le temple de Castor, et, si vous l’osez, parlez de votre probité. Est-ce grâce à votre habileté ? Contemplez les ratures que vous avez laissées dans vos registres sur le nom de Sthenius de Thermes, et puis osez vous donner pour un homme habile. Est-ce par votre génie ? Oui, vous qui dans la première action n’avez pas voulu qu’on interrogeât les témoins, et qui avez mieux aimé rester muet devant eux ; puis vantez-vous, ainsi que vos défenseurs, d’avoir l’esprit fertile en ressources. Apprenez-nous donc enfin comment vous avez obtenu ce résultat ? La gloire en effet n’est pas petite d’avoir surpassé en habileté tous vos prédécesseurs, et laissé un grand exemple à ceux qui vous succéderont. Nul peut-être n’avait mérité que vous le prissiez pour modèle. Mais vous, après les heureuses améliorations dont vous êtes l’auteur et le créateur, vous verrez tous les magistrats s’empresser de vous imiter. Est-il un laboureur qui, pendant votre préture, n’ait payé qu’une simple dîme ? En est-il un qui n’en ait payé que deux ? En est-il un qui ne se soit trouvé très-heureux de n’en payer que trois ? J’excepte le petit nombre de ceux qui ne payaient rien, parce qu’ils partageaient vos rapines. Voyez quelle différence entre votre conduite tyrannique et la générosité du sénat !